Au risque de proposer un détour que certains pourraient trouver superfétatoire, je ferai un bout de chemin dans un domaine de la chimie qui me plait particulièrement, celui des mécanismes de réaction chimique. Illustrer comment une molécule d'alcool (d'odeur assez ordinaire) s'accocie avec une autre d'acide carboxylique (qui elle, possède une odeur désagréable, pensez au vinaigre) pour devenir une molécule d'ester à l'arôme invitante et agréable, voilà le rôle d'un prof de chimie. Pour transmettre ces informations, il utilisera une écriture stylisée et des symboles selon des codes que ses élèves comprendront après quelques efforts. Il leur sera demandé d'en limiter leur interprétation et de fidèlement retransmettre les mouvements des molécules soumis aux aléas des rencontres et des collisions qui en résultent pour une transformation de la matière. Le tout pourra sembler opaque aux non-initiés et pas question de les blâmer.
@ Nathalie St-Pierre
Ainsi donc, lorsque mes pas m'ont amené vers le département de danse de l'UQAM pour découvrir sa proposition de mi-session (une première pour moi qui suis habitué aux oeuvres de fin de session), rien ne me préparait à découvrir avec "Ensemble", une illustration "pédagogique" fort éclairante et similaire à ma perspective chimique du début. Cette oeuvre conçue par leur prof Armando Menicacci avec la collaboration de Marc-André Cossette est interprétée par les 20 finissantes-finissant du baccalauréat en danse. Cette pièce chorégraphique pour huit interprètes et logiciel génératif nous est proposée en deux temps pour une durée de deux heures qui passent très vite. En entrée de jeu, le "prof" nous indique, assis tout autour de l'espace danse qu'il nous laissera nous faire une idée sur le lien entre les mouvements que nous verrons et ce qui sera projeté sur les quatre écrans de chaque côté de la salle. Par la suite, il nous expliquera comment le tout se passe avec tous les codes d'interprétation. pour par la suite, mieux comprendre les liens.
Petite parenthèse personnelle, voilà une brillante méthode pédagogique qui propose deux approches différentes sur un même sujet qui mérite que je m'en inspire (merci, prof Menicacci !).
Bon, revenons dans la salle, sur mon siège sur un des quatre côtés de la scène. J'y resterai toute la première partie, malgré les invitations de circuler durant la prestation. Le tout commence, par sous-groupes de six, les interprètes évoluent en solo, en duo ou en groupe, selon des indications projetés sur les écrans, en déduis-je, après un certain temps. Sur l'écran face à moi et les autres, il y a des points de différentes couleurs qui se déplacent, clignotent et disparaissent. De couleurs différentes aussi des bandes qui apparaissent sur les deux côtés et des "mots", tels que "Tensions" "utiliser la voix", "en contrepoint" et aussi "le plus important est facilement oublié". Il y a un sens, je le pressens, mais les mouvements fort expressifs et surtout bien présentés me compliquent la mise en relation. Après un certain temps, ma décision est prise, je lâche le cérébral et je me concentre sur les mouvements et les relations entre les interprètes. Le spectateur assume sa décision et est heureux !
Arrive la fin de la première partie et le moment de l'explication des codes. Ah oui ! Je comprends et apprécie d'autant plus ce que l'on demande à ces élèves. Petite pause et début de la deuxième partie, je change de place et de perspective. Fort des explications, mes yeux naviguent de l'écran face à moi aux prestations,parce que là, je peux faire les bons liens. Ma détermination faiblit, parce que c'est les mouvements, parfois accompagnés de paroles qui m'intéressent le plus. Par conséquent, "au diable" l'écran que je laisse à ces élèves qui savent l'utiliser, eux ! Mon allégeance se fait aux gestes et y restera fidèle jusqu'à la fin.
La soirée me réservera une surprise et un gros plaisir. La trame sonore, en ce mercredi 19 octobre, nous présentera un extrait, en direct, du débat Clinton-Trump et aussi un extrait d'une pièce qui a fait vibrer l'adolescent que j'ai été, "Maggot Brain" du groupe Funkadelic. Et ce n'est pas la seule fois que mon corps s'est mis à vibrer en phase avec les interprètes.
Au final, une très belle soirée aussi intéressante qu'instructive grâce au prof, mais aussi à chacunes et chacun des élèves que je nommerai parce qu'ils le méritent bien. Alors, Ornella Anquez, Myriam Arsenault, Mélanie Boisliveau, Isabelle Boudreau, Stéphanie Boulay, Nancy Boyer, Tanya Dolbec, Maïté Fournel, Laurence Gratton, Christine Heyraud, Alexandra Kelly, Kim Lacoste, Julie Lédée, Sabrika Leduc, Juliette Le Foll, Charles-Alexandre Lévesque, Judith Messier, Marilou Morin, Émilie-Claude Saint-Amour Maillé et Natasha Woytiuk. Nous nous donnons rendez-vous en décembre (du 14 au 17 décembre), promis, parce que ensemble, le plaisir y est !
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