dimanche 16 octobre 2016

Sur mes pas en danse: de souvenirs et d'intimité avec "Hunter"

Lorsque mes pas m'ont amené jusqu'à l'Usine C pour assister à "Hunter" de Meg Stuart, j'étais averti. Grâce à Catherine Lalonde (Le Devoir du 14 octobre), je savais que l'oeuvre que j'allais découvrir serait "dense et exigeante". Je dois l'admettre que contrairement à bien d'autres, j'aime lire les critiques sur une oeuvre que je vais aller voir. S'il m'arrive parfois de le regretter, cette fois, comme la plupart du temps, cela me prépare mieux à apprécier ce que je verrai. C'est d'autant plus vrai que ma condition psychologique, et physique aussi, ne mettaient pas toutes les chances de mon côté pour maximiser ma réceptivité et mon appréciation éventuelle. Mais bien préparé à cette rencontre, elle s'est très bien passée et pour cela, merci, Catherine Lalonde !

Il en reste que de cette chorégraphe, j'en connaissais le nom et de vague souvenirs d'une ou deux oeuvres que j'avais vues d'elle. Il en reste que les minutes précédant le début de la présentation m'a permis de constater l'importance de cette grande dame et que sa rencontre allait être importante, parce que de chorégraphes et interprètes, les sièges de spectateurs en regorgeaient.

                                         Hunter / Meg Stuart / Damaged Goods
                                                        Photo / © Iris Janke



Dès mon arrivée dans la salle, je prend place en première rangée juste derrière la chorégraphe-interprète. Elle est assise, dos à moi, bricolant un collage qui de ma perspective semble un empilement d'images-souvenirs qui est projeté sur l'écran en arrière-scène. Comme bien souvent dans la vie, certains de ses souvenirs s'envolent en fumée et ne laissent de trace que les volutés de cendres rapidement dissipées. Je dois avouer que dès ce premier tableau, j'ai été touché à un endroit peu habituel. En effet, si les oeuvres, normalement, me touchent le coeur ou la raison juste après les yeux, cette fois, celle-ci semblait se diriger quelque part ailleurs. Où me demanderez-vous ? Impossible de le préciser, mon corps et surtout ma tête recèle, même pour moi aussi, des zones inexplorées. Il en reste que j'avais l'impression, dès cette introduction que "Hunter" me présenterait une chasse aux souvenirs, des souvenirs qui s'empilent, des souvenirs qui nous échappent. des souvenirs qui nous laissent des traces même une fois oubliés, comme des pas sur le sol ou dans la neige. De souvenirs aussi que l'on conserve précieusement quelque part en nous et ses souvenirs conservés n'étant pas les plus importants, ni les plus significatifs. Et la suite m'a montré que j'avais raison. Aussi des souvenirs qui, allez donc savoir, ont choisi de nous choisir. Voilà un des messages que cette femme qui a vécu m'a transmis tout autant en gestes qu'en paroles tout au long de ces 90 minutes de sa présence sur scène, parfois tout à côté de moi, me jetant un regard ou eux, j'en suis convaincu.
Pour cela, elle a utilisé des mouvements tout simples, des accessoires plus ou moins complexes, des vêtements plus ou moins surprenants, dans une oeuvre "exigeante et dense", merci Catherine de m'en avoir averti. Pas toujours facile de la suivre, exigeant, mais toujours captivant. Lorsqu'une personne d'expérience s'ouvre à nous, comment peut-on rester indifférent ?

Au final, je ne saurais dire si j'ai aimé, mais pour tout l'or du monde, je n'aurais pas voulu être ailleurs. Cette femme s'est "offerte" et quelque part en moi, en zone inexplorée, elle a ouvert de nouveaux chemins.

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