Décidément, les premières propositions en danse contemporaine de cette saison sur nos scènes présentent des oeuvres de femmes avec des femmes sur scène. Danses Buissonnières ne fait pas exception, malgré que ...... Manuel Shink, avec sa création, une des six oeuvres au programme rend l'affirmation partiellement vraie, mais, j'y reviendrai.
Rappelons que Danses Buissonnières que Tangente nous propose à chaque année, permet à de jeunes chorégraphes de présenter une oeuvre de dix minutes maximum. De tout horizon, ces jeunes créateurs sont choisis par un jury de pairs. Mes pas m'ayant conduit au Monument-National quelque peu avant le temps, une discussion intéressante, mais surtout instructive avec Dena Davida, m'a permis de comprendre l'un des aspects qu'elle appréciait le plus des oeuvres qu'on lui présente et qui est l'authenticité. Terme qui peut être difficile à définir, mais qui, une fois devant nous, se perçoit très bien. Il semble que cette année encore, le jury ait eu la même vision, parce que les six oeuvres choisies irradiaient d'authenticité, et cela, c'est aussi ma perception. Et ces moments, je les ai bien aimés et surtout bien appréciés.
En entrée de jeu, nous découvrons "Struwwelpeter" qui peut être traduit de l'allemand par Pierre l'ébourrifé avec et de Ariane Dessaulles. L'image que vous pourriez en avoir est probablement juste, parce que du personnage qui se présente à nous, porte un masque avec des bandes de tissu qui se dirigent dans toutes les directions. Chacun pourra y voir les symboles qu'il voudra, mais moi sans aucune difficulté, ce personnage était au centre de son environnement avec tous les impératifs de joie de peine et, surtout, de nombreuses contraintes dans lequel elle devait évoluer. Et de ce masque porté, l'obligation de ne pas se dévoiler. Ouf !, tellement vrai pour certain ou certaine que je cotoie. La vie en dix minutes, voilà ce que Ariane Dessaulles nous propose.
Suit, "Selk" d'Eryn Tempest, récente graduée du programme de danse de l'Université de Concordia, qui nous propose une oeuvre classique dans laquelle les mouvements s'incarnent éloquents dans le corps dans une suite de mouvements loin de nous. Au moment qu'elle s'approche de nous et de moi en première rangée, les lumières s'éteignent. Voilà une fin particulièrement bien réussie !
En fin de première partie, Manuel Shink nous propose "Hors d'oeuvre" dont le titre est tout aussi ambigu que le personnage qui se présente à nous. Devrions nous être surpris, puisque de la courte présentation, nous étions avertis, "D'un point de vue queer, le principe de non-binarité du genre célèbre la diversité...". La présentation de cet homme gracieux et tout barbu était d'une grande clareté et de la tentation de classer, j'en suis ressorti avec une grande prudence. La vie n'est pas simple et les êtres humains qui l'occupent encore moins, j'en suis averti.
Pause réflexive d'une quinzaine de minutes.
Sur scène, nous apparaît, "Rainblow" et Geneviève Jean-Bindley avec un personnage féminin qui a tout du conte par son habillement. Mais, vite la réalité maladive semble s'imposer. Rien ne semble simple et tout autant ses gestes que ses mimiques et la mise en cases, nous le démontrent. J'en suis touché et pour cela merci !
"Who cares" de Virginie Desroches suit avec deux femmes ( Claire Jeannot et Myriam Foisy que je revoyais avec grand plaisir) qui devront faire un bout de chemin ensemble. Rien de facile, leurs gestes le montrent bien, mais peut-il en être autrement ? Et comme l'indique le feuillet de présentation, "Digérées d'un compromis insatisfaisant elles finiront." Mais nous, nous ne serons pas insatisfaits.
La soirée se termine avec une surprise. Nous devons nous lever de notre siège et entourer la scène sur laquelle se retrouverons les six interprètes (Julie Robert, Stefania Skoryna, Catherine Dagenais-Savard, Camille Gachot, Audray Julien et Myriam Foisy) sur la chorégraphie de Lorraine Albert et Julie Robert. On nous demande de nous déplacer tout au long de ce dix minutes et nombreux sont les spectateurs qui respecteront cettre demande, mais pas moi. Pour me permettre d'apprécier de la tête, il faut que mes pas soient immobiles et ils le seront. Je ne saurais dire ce que j'ai manqué, mais de ma perspective immobile, ces interprètes ont mis en gestes les verbes que la voix projetée m'est parvenue. "Movement in serra- 3rd movement" de ce collectif ephfem s'est incarné et a conclu une très belle soirée.
Plein de noms pris en note et un retour à la maison tout à fait satisfait de ces "Danses Buissonnières" 2016.
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