lundi 20 mars 2017

Sur mes pas en danse: "Idéations ludiques", effectivement !

Tout amateur de danse quelque peu averti sait fort bien que lorsqu'il se rend à une soirée de Tangente, les pas qu'il fera l'amènera à faire des découvertes qui seront souvent surprenantes. Et si la soirée a pour titre "Idéations ludiques", elle risque de prendre une "drôle" de tangente et c'est effectivement ce que le spectateur que je suis a pu découvrir.

Je contextualise, parce que voyez-vous, le contexte, en cette soirée d'un hiver qu avait fait des siennes, quelques heures plus tôt est important pour comprendre ma réceptibilité. Je suis debout depuis très tôt le matin et la journée a été fort exigeante. Par conséquent, mon éveil face à la découverte est en mode "veille" et le programme de la soirée annonce une longue soirée avec trois oeuvres d'une trentaine de minutes en plus d'un entracte. Cette soirée risque d'être longue, très longue pour le spectateur que je suis. Ainsi donc, le défi est grand pour les trois équipes de chorégraphes/interprètes qui sont au programme afin de me faire oublier la lassitude qui me guette, dûe à ma fatigue latente et de me faire provoquer un ou des éblouissements. Alors, me demanderez-vous ? Cette soirée, je l'ai bien appréciée, voici pourquoi.


                                          Esther Rousseau-Morin et Nathan Yaffe. Photo: Frédéric Chais

Dès l'entrée dans la salle pour "Facing away from that which is coming" (de Andréa de Keijzer et Erin Robinson du Je suis Julio), est présent face à nous, Nathan Yaffe qui sera rejoint un peu plus tard par Esther Rousseau-Morin. Tout en arrière de la scène, bien alignés comme des soldats, une série d'accessoires (rouleau de papier, fruits, bol, cellulaire et bien d'autres objets sans lien entre eux, sinon très improbables) et tout en haut, deux horloges siamoises et tout aussi symétriques dans leur asymétrie qui indiquent juste avant le début, 19h28 pour l'une et 14h32 pour l'autre). La dualité semble être au programme et, effectivement, elle le sera, déclinée de différentes façons. Dans ces dualités, nous spectateurs, nous sommes inclus et les fous rires à peine contenus de Nathan le démontraient bien. De cette oeuvre en trois temps, j'en a apprécié la première partie, mais surtout la troisième. Je retiens de la première partie qui illustre fort éloquemment que même si l'on sait ce qui nous attend, notre réaction n'en est pas moins grande. Après une deuxième partie quelque peu "grotesque !", selon moi, l'oeuvre retombe dans "ma cour" avec deux tableaux qui m'ont complètement captivé. D'abord, celui dans lequel lui demandait à elle, les yeux fermés, de le suivre et refaire ses mouvements. Ensuite, celui durant lequel, le jeu des mains n'avaient rien de malin, mais avaient plutôt du divin. Le temps avait fait son chemin dans les deux sens sur cette horloge tout en haut et en fin de programme les deux grandes aiguilles s'étaient rencontrées. Magique comme finish !!! Première partie durant laquelle le jeu avait pris le contrôle de la scène et de mon esprit, laissant ma lassitude au vestiaire. Merci à vous.

Deuxième partie, "Tangente conceptuelle:Neo-contemporary duet, pour requiem intellectuel"  de Claudia Chan Tak & Louis-Elyan Martin, accompagnés sur scène par Sébastien Provencher. Ce troisième volet d'une trilogie dont j'avais bien apprécié les deux premiers, s'est avéré moins porté sur l'oral et plus sur les gestes. Et le programme nous l'annonçait, "trop de tout" et cela s'est présenté par une explosion de gestes "too much" (mais souvent très beaux), jusqu'à la finale durant laquelle le quatrième mur a subi l'outrage. Je retiens aussi un des tableaux dans lequel Claudia Chan Tak m'a fourni une superbe illustration de l'expression "s'éclater". Du grand jeu !

Entracte, sortie de salle. Il est tard, mais tête et corps tiennent le coup donc, je reste. Je suis bien sage dans le hall, pendant que les gens conversent entre eux et que je jalouse leur énergie. Les portes s'ouvrent, enfin !, et à notre entrée, nous sommes invités à nous déchausser pour s'assoir sur la scène, tout autour plutôt, pour assister à "Human synthetiser" de et avec Katie Ward. Elle sera accompagnée, en plus de nous, par Michael Feuerstack et Paul Chambers qui modifieront régulièrement la composition de l'espace. Cet espace qu'elle investit par ses pas de gigues tout aussi simples que personnels. La simplicité de son pas répété longuement en début, pourrait lasser, mais pour moi, il me captive. Arrivent des objets, dont certains proviennent, oh surprise (!), de la première partie de cette soirée. L'apparence de simplicité s'avère, au final, surprenante et pour moi, yeah (!), intrigante. Parce que de ce jeu d'apparitions et de déplacements,  veut-elle nous amener ? La réponse est fort peu importante, puisque ce sont les pas sur le chemin qui s'avèrent au final l'intérêt principal de ce moment durant lequel elle se déplacera sur notre scène.

La soirée se termine et, je suis très satisfait. Ces "Idéations ludiques" toutes différentes m'auront été déclinées de trois façons surprenantes et amusantes. Comme quoi, une soirée à Tangente mérite que l'on ose aller à la découverte.

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