jeudi 5 mai 2016

Sur mes pas en danse: à la générale de "Car c'est par la fragilité que la révolution oeuvre"

"Car c'est par la fragilité que la révolution oeuvre", est ma troisième rencontre artistique avec Adam Kinner et cette fois ci, j'en ai été déstabilisé. La première fois, c'était "The Weather On Time Square, Today" et j'avais écrit que cette oeuvre ne m'avait pas rejoint. Il serait utile d'ajouter ici que ce chorégraphe-danseur "fait dans la performance intellectualisée" dans laquelle la danse et la non-danse cohabitent de façon surprenante pour un amateur de danse même averti. Ce n'est pas la première fois que j'ai une réaction plutôt froide face à une oeuvre hors-norme. Cela m'était arrivé, il y a quelque temps lors de ma première "rencontre" avec une oeuvre de Nicolas Cantin, mais j'avais persisté, acclimaté à ce type d'univers particulier serait plus juste comme terme. Maintenant, je m'en félicite !

Voilà pourquoi, mes pas m'avaient amené dans le hall d'une université pour le voir en ce début d'année dans une performance in situ. Avec une gestuelle très personnelle, il avait fort habilement occupé l'espace fort achalandé et il m'avait apprivoisé. Ainsi donc, lorsque la possibilité de le revoir s'est présentée, je me m'y suis rendu et c'était pour la "générale" de sa plus récente création, "Car c'est par la fragilité que la révolution oeuvre", gracieuseté de Tangente.

                                Photo de Ashlea Watkin

Pas question de la décrire ici (en serais-je capable ?), mais pour ceux qui se rendront découvrir ce créateur particulier, sachez que l'entrée dans la salle, ainsi que la sortie seront faits différemment. Une fois dans la salle, la scène surprendra puisqu'elle consiste en un grand escalier sur lequel la très grande majorité de l'oeuvre sera présentée par le danseur. Il y aura aussi une trame sonore constituée d'extraits d'un texte sur la sexualité et de pistes musicales. Le tout prendra sens, si le spectateur y met du sien, d'abord en portant bien attention au propos, mais aussi en mettant son imagination en action et pour cela le danseur nous en laisse la possibilité tout au long de sa performance.

Dans le titre de l'oeuvre, il y a le mot révolution, mais pour ma part, j'y ai vu une illustration d'une métamorphose pour s'affirmer, pour devenir soi-même, jusqu'au bout. Tout au long de la présentation, j'y ai vu des gestes qui se conjuguent à leurs significations. Comme pour les verbes, il y en a d'action, d'autres plus passifs, tandis que d'autres ne sont pas accessibles à notre compréhension, à moins que l'on ose se compromettre.  Il y a aussi le temps des verbes, du passé au futur en passant par le présent (ce qui est le propre d'une révolution ou d'une métamorphose !), mais sur différents modes. Les gestes nécessaires à l'impératif, les impératifs au conditionnel, les conditions au subjonctif ou à l'indicatif jusqu'à la conclusion à l'infinitif.

Pour peu q'un spectateur accepte d'être déstabilisé autant par le verbe que par le geste et, qui sait, possiblement vivre une métamorphose intérieure, temporaire ou plus longue, la proposition d'Adam Kinner et sa complice Noémie Solomon mérite le détour. Pour ma part, ce créateur trouve maintenant sa place définitive dans mes intérêts artistiques.

Aucun commentaire:

Publier un commentaire