Pour peu que vous soyez informés, le chorégraphe a déjà annoncé qu'il a abdiqué face au système de subventions à deux vitesses ( les reconnus de fait, copiés-collés et les autres qui courent à en perdre leur souffle et leur espoir) et qu'il ferme boutique (celle de sa compagnie). Assister à la dernière représentation de la dernière création d'un chorégraphe devrait donc, juste pour cette raison, être un évènement. Pour preuve, la salle est pleine et de gros noms du milieu de la danse sont dans la place.
Arrive le temps et nous nous dirigeons dans le sous-sol du Monument-National, Salle Hydro-Québec. Nous y attendent, les Twinmuse, les soeurs Hourshid et Mehrshid Afrakhteh immobiles et siamoises par leurs longs cheveux, qui alternativement se regardent et nous regardent. Au début de l'oeuvre, les trois membres du groupe Dear Criminals font leur entrée et s'installent derrière leur clavier/console, je ne saurais dire. Pour ceux et celles qui sont attentifs, ils pourront aussi voir Frédéric Tavernini s'assoir discrètement sur un côté de la salle, juste à côté d'un spectateur. Débute pour près de la moitié de la présentation, une prestation musicale, d'abord des Twinmuse et ensuite des Dears Criminals avec en milieu de la scène les crânes en plastique qui peu à peu s'élèvent dans les airs. Dans cette opération d'agglutination, "in silence", un de ces crânes se retrouve un peu plus haut que les autres, tandis que quelques uns, "des résistants ?", ferment la marche, avant leur envol final pour laisser la place à celui qui la prendra. Il arrive simplement, après avoir enlevé ses souliers. S'en suit des moments de danse qui ont toute l'allure d'un chant du cygne noir, celui rejeté par les autres. Les gestes sont forts et dignes et le propos touchant. L'émotion est palpable dans toute la salle. La simplicité de son arrivée n'a d'égale que sa sortie de scène, juste avant le dernier morceau musical. Les applaudissements hésitent, comme pour vouloir dire que de cette fin nous n'en voulons pas, ultime hommage possible. Mais puisqu'il le faut, ils se font entendre et les musiciens et le danseur chorégraphe, immobiles, reçoivent leur dû. Le tout fait, ils quittent et donnent tout son
sens à ce que nous avons eu la chance de voir, "Things are leaving quietly, in silence".
Pour ma part, voilà une fin de saison forte en symboles et riche en émotions. Peut-on espérer plus pour un spectateur de danse ? Poser la question est y répondre, n'est-ce pas ?
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