C'était ma deuxième sortie au FTA et ce fut une autre sortie fort réussie. Mes pas m'ont amené rue Cherrier à l'Agora de la danse pour découvrir "Pluton-acte 2". Mes pas me ramenaient aussi dans ma mémoire d'un passé récent (l'automne dernier), lorsque j'avais assisté au premier opus de Pluton dans la même salle. J'avais écrit, encore sous le charme, que j'avais vécu "des moments de pur bonheur" et en terminant, j'avais ajouté, "Si on se mettait à rêver, on pourrait espérer des reprises". Et, "sûrement en lisant dans mes pensées", voilà que Katya Montaignac et La 2e Porte à Gauche nous reviennent avec un acte 2 qui inclut un solo en reprise qui faisait donc grand bien de revoir.
Photo: Julie Artacho
Devant une salle bien remplie et après les avertissements d'usage sur ces "machins" qui peuvent faire du bruit, le tout commence. Tout simplement, Paul-André Fortier rentre en scène et il en prend possession avec les gestes de Frédérick Gravel. Comme si le plus âgé disait à son cadet de façon très simple, voilà comment il faut s'adresser aux autres. Parfois de côté, d'autres fois de face avec le plus souvent, le regard assuré de celui qui en a vu, ce qui est le cas de cet interprète qui a beaucoup voyagé. Cette prestation comme pour les autres, c'est la présence de l'interprète qui rayonne et qui captive.
Les lumières s'éteignent, et se rallument peu à peu sur Louise Bédard, de dos qui signale sa présence par des cris ou des grognements. Un début avec le geste absent, mais qui pourrait susciter le nôtre. Par la suite, elle vient vers nous, s'adresse à nous. Qui est cette femme ? Manifestement, le regard qu'elle porte sur nous est sans retenue, colorée par un état intérieur qu'elle semble avoir peine à contrôler. Les soubresauts de celle qui se sent partir et qui partira, laissant derrière elle, le grand vide de sa présence et de l'oeuvre de Catherine Gaudet.
Arrive la pause et la sortie de tous de la salle. À notre retour, la scène est maintenant entourée de deux séries de gradins, plutôt que l'aménagement plus classique de la première partie. Arrivent Tomas Furey derrière son micro et Linda Rabin et Marc Boivin, plus loin à côté, de dos ou de face, selon notre position. C'est eux qui entament en chant et qui prennent toute la place. Si le contraste est grand entre lui (Marc Boivin) si grand, perché sur des talons hauts et elle, plus petite, les deux exercent sur notre attention autant de force. Il y a bien, le chanteur qui semble vouloir prendre sa place, mais rien n'y fait, les deux dominent en déplacements et en transformations vestimentaires. Rien de spectaculaire, mais le tout captive. Et ce chanteur, me demanderez vous,prendra-t-il sa place ? Il y a un prix à ne pas y être présent et cette fois c'est de ne pas connaître la réponse à votre question sur la conclusion de la proposition de Mélanie Demers.
Brève pause, le temps de mettre sur la scène une quinzaine de chaises et de recruter des spectateurs pour les occuper. L'invitation s'accompagne de mots rassurants, il n'arrivera rien, mais sans rien dévoiler déjà, ce ne sera pas tout à fait vrai. Les chaises une fois occupées, l'oeuvre de Katie Ward se met en marche, tout comme Peter James qui arrive sur scène. Sans aucune parole, c'est par son regard qu'il s'adresse à nous tout au long de ses déplacements de repérage. Le tout fait, sans artifices, dans la plus pure tradition de Nicolas Cantin (comme l'a justement indiqué Sylvain Verstrich dans la critique qu'il a publié dans son blogue, (http://www.localgestures.com/dance/pluton-acte-2-une-critique). Il prendra possession de tout le lieu, transformant les objets, faisant même apparaître l'Amazone, le fleuve, là juste devant nous et jouant de là-haut avec les éclairages. Il y aussi cette petite balle qui existent, pusqu'elle est capable de frapper le mur. L'homme fascine avec sa présence toute simple. Son départ, lui, sera tout à l'opposé grâce à la généreuse complicité des spectateurs sur scène.
Une soirée forte en présences de ces interprètes d'expérience qui nous permettent de constater que même que lorsque "tout le monde sort de sa zone de confort", dixit Katya Montaignac, le spectateur y trouve grandement son compte. C'est sur la musique du Marianne Trudel Septet, que j'ai choisi inconsciemment, que mes pas m'ont ramené à la maison. Ce que je venais de voir a donné une résonance particulière à la pièce "Âme mystère", qui tout au long que je l'écoutais, me semblait en parfaite symbiose de ma soirée et me la gardait bien présente en moi. Pluton-acte 2 et qui sait, "jamais deux sans trois !"
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