Depuis le début de la période estivale, l'amateur de danse avisé a pu facilement trouver à l'extérieur, dans un parc ou un square de Montréal, des propositions danse toute aussi gratuites qu'intéressantes. Et ce n'est pas fini, loin de là ! Mais il en reste qu'en salle, il pourra aussi sustenter son intérêt. Il lui faut juste se rendre en Zone Homa qui présente plusieurs propositions "danse" entre le 19 juillet et le 27 août. Et comme je suis un amateur de danse, devinez ? Et oui, vous avez trouvé, je sortirai un peu ! J'ai examiné attentivement la programmation, je l'ai comparé avec mes disponibilités et à la Maison de Culture Maisonneuve (et quelques autres lieux périphériques) et mes pas me porteront en ces lieux, pas autant que je l'aurais souhaité, mais quand même et je vous ferai rapport, promis !
Il y a quelques années, mes expéditions en Zone Homa étaient peu nombreuses, mais. peut-être est-ce moi ou une programmation plus riche cette année, allez donc savoir, parce que pour cette 8e édition, elles seront plus nombreuses. Peut-être même que j'en profiterai pour joindre l'utile à l'agréable et distribuer des e3xemplaires de la programmation automnale de Tangente. Un mauvais jeux de mots que j'oserai, serait que je ferai peut-être un Témoin de Jéhovah de moi-même en distribuant les invitations aux beaux mouvements, mais la cause est si bonne ! À suivre donc !
Ainsi donc en cette deuxième soirée de festival, il nous était proposé "all the strings attached" de Geneviève Bolla et Susan Paulson et j'y étais. Ce n'était pas la première visite de Geneviève Bolla comme chorégraphe dans la Zone Homa, je me souviens encore de "Wonder", il y a quelques années, qui m'avait fait fort bonne impression. De plus, cette interprète, j'en apprécie toujours la présence intense sur scène. Je m'y suis donc rendu avec un certain niveau d'attente, "all the strings attached" et une fois les projecteurs éteints, je dois avouer que j'ai été quelque peu désorienté. Présentée comme "Danse/Théâtre", c'est effectivement à ce que nous avons eu droit. " S'inspirant de jugements, de commentaires, d'insultes et de "conseils d'amis" dont elles ont déjà fait les frais, cette pièce explore les traces laissé(es) par les mots, laissées, absorbées, consommées et écrits dans nos peaux." Cette description écrite annonce bien la suite.
Photo : Isabelle Germain
Quelles sont les cicatrices laissées de ces paroles et de ces regards assassins du passé, celles qui n'auraient jamais dû être prononcées ou lancés et, pourtant, qui l'ont été, voilà le programme de la soirée ! Première illustration, les deux interprètes nous apparaissent assises dasn le coin de la scène sur un banc de dos, immobiles de longues minutes accompagnées par une pièce musicale de piano. À défaut de réagir, elles semblent absorber stoïquement et en toute intimité les coups de langues. Par la suite, elles se dirigent à une table pour y prendre le "thé", face à nous cette fois, toujours en silence et avec une économie de mouvements. Le moment de "faire passer" en elles, j'imagine, le flot de ces mots et le spectateur pourra voir que tout ne passe pas bien ou par "où ça devrait".
S'en suit une suite de tableaux durant lesquels, elles échangent (en anglais !), elles ingurgitent un gâteau lancé par terre, tel le passé revenu s'écraser sur la scène devant elles et devant nous, aussi, tel un élément du passé que l'on prend plaisir à se remémorer, à petites doses. Il y aura aussi un autre tableau de corps longuement immobiles, un autre aussi de danse tellement éloquent ("et que j'en aurais pris beaucoup plus de ces mouvements dansés !"). Le tout se termine simplement sans que l'on puisse déterminer l'importance des cicatrices sur le vécu actuel ces deux femme. Au final, il est difficile aussi de prendre la mesure de l'effet sur les spectateurs de cette oeuvre "toute en intimité". Pour ma part, les effets d'attente et de surprise ne m'ont pas permis d'avoir le niveau de réceptivité, sur le moment, mais je continue de prendre la mesure de l'oeuvre et du sens probable des deux créatrices. Et deux jours plus tard, les traces sont encore présentes, comme quoi, mes pas ont été récompensés par ma patience.
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