Merci Klara et bonjour à vous tous,
Lors de précédentes chroniques, j’entreprenais la
présentation d’une perspective spectrale pour décrire la relation entre une
œuvre en danse et les spectateurs. Je veux aujourd’hui poursuivre sur cette
voie.
Une œuvre est une donc source qui émet dans une ou
plusieurs parties du spectre lumineux. D’abord dans le visible, ce que l’on
voit. Ensuite dans l’infrarouge, ce que le ressent. Aussi dans l’ultraviolet, dont
le préfixe ultra vient du latin et qui signifie au-delà. En lien avec la partie
cérébrale de l’œuvre, ce que l’on comprend ou pas du message voulu par le
chorégraphe et porté par l’œuvre.
Pour traiter de la partie « rationnelle » de
l’œuvre chorégraphique, je présenterai la triple nature de ce type de
rayonnement en mettant en évidence certaines analogies avec ce que l’on vit pendant
et après une représentation chorégraphique.
L’ultraviolet possède trois composantes, les UV-A, les
UV-B et les UV-C. Émis par le soleil, leur destin est fort différent. Les UV-C,
les plus énergétiques et destructeurs sont totalement filtrés par l’atmosphère,
tout en haut de nous, qui nous en protége. Jamais donc, ils ne parviennent à
nous, comme les œuvres aux propos inappropriés, donc oublions les !
Les UV-A et les
UV-B, quant à eux, se rendent jusqu’à nous, mais produisent des effets fort
différents.
Les UV-B, quoi que de plus haute énergie que les UV-A,
produisent un effet qu’en surface. Ils sont, entre autres responsables du
bronzage. Comme il en est pour le message ou le sens voulu de l’œuvre ou notre
sens de l’œuvre, tel que nous le découvrons sur place ou juste après. Il pourra
avoir une coloration historique, instructive, comme Akram Khan nous le
proposait avec « Xenos », récemment.
Les UV-A, eux, sont beaucoup moins énergétiques et les
scientifiques en ont longtemps sous-estimé les effets sur nous, parce que
considérés inoffensifs. Par exemple, les crèmes solaires n’étaient pas conçus
pour nous en protéger. Ils ont moins d’énergie peut-être, mais ils pénètrent
plus profondément dans la peau et altèrent les protéines tout en dedans, Et
c’est là qu’ils produisent un effet beaucoup plus tard, cumulatif et persistant
jusqu’à produire certaines formes de cancer. Certaines œuvres, qui émettent
dans cette partie du spectre peuvent produire le même type d’effet. Ils nous
changent à long terme, mais sans danger, soyez rassurés ! Cet effet peut être
amplifié ensuite par la lecture d’une critique ou d’une discussion avec
d’autres spectateurs. Pour ma part, cet effet, je le ressens, lorsque je rédige
plus tard un texte.
Par exemple, lors de ma réception initiale de
« Phenomena » d’Ismaël Mouaraki, ce sont les androïdes, mi humain, mi
automate qui me sont apparus. Mais plus tard, c’est la rencontre avec l’autre,
riche de sa dualité, différence et similitude avec moi qui m’a amené à
poursuivre ma réflexion sur mon rapport aux autres, d’origine différente à la
mienne et de l’importance de la prise de contact physique avec l’autre. Et de me
requestionner sur mon comportement ! Et le modifier.
Évidemment, toutes les propositions n’émettent pas
dans cette région spectrale, comme pour la région de l’infrarouge, d’ailleurs.
Et même si elles le font, rien ne permet d’être certain qu’elle déclenche une
réaction. Tout dépend évidemment du type de spectateur présent, de sa zone de détection
et de son état de réception du moment.
Voilà donc pourquoi, je reviendrai plus en détails sur
la perspective spectateur, dont plusieurs aspects méritent que l’on s’y penche.
Tout cela peut paraître bien complexe, j’en conviens, mais pour peu que l’on
s’y mette, cette approche permet d’apporter un éclairage sur la relation
œuvre-spectateur.
Je m’arrête là. Bonne prochaine semaine de danse!
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