S'il y a une évidence dans l'univers chorégraphique, c'est bien celle que les oeuvres évoluent et qu'elles prennent le temps de le faire. À preuve, les deux propositions de Tangente en ce début de mois de mars, "Look" de Bailey Eng et "Breach" d'Alexandre Morin que j'avais découvertes lors des Danses Buisonnières en automne 2017. Cette fois, c'est dans l'Espace Vert, plus intime, que je suis invité à venir les redécouvrir. Il y a quand même quelque chose d'intéressant à revenir voir deux œuvres plus matures dans un espace plus intime. Comme si l'éclosion, plus d'un an plus tard, de ses propositions nous demandaient une plus grande intimité ? Et au final, ce fût selon moi, une très bonne décision.
Une fois, l'ouverture des portes faites, nous devons prendre place autour du lieu de prestation, contenant certains objets sur le plancher, attendant l'arrivée de "Look, la mystérieuse créature" (selon le feuillet de la soirée) de et avec Bailey Eng. Une fois tous les sièges occupés, les lumières s'éteignent et comme pour la fois précédente, son arrivée est particulière. Plutôt que d'investir un territoire occupé, par l'oeuvre précédente, elle nous arrive, cette fois, du haut du plafond par une lente descente d'un mât chinois. Tout au long de sa descente, difficile de distinguer les différentes parties de la "créature", tant le corps semble enchevêtré. Une fois rendue au sol, elle évoluera à quatre pattes dans l'espace sans que jamais l'on puisse voir son visage. L'objectif de la quête m'échappe, mais me garde fort attentif. Et une fois le tour de l'espace fait, tous les coins explorés, elle semble avoir trouvé sa destination finale qui s'avère être l'obscurité tout au loin là-bas et se met en chemin ! Et nous, sans moyen et sans intention non plus de la retenir, nous la regardons partir, sereins sommes-nous, de la libération arrivée de cette "mystérieuse créature" venue sur terre pour trouver sa voie !
Mais le territoire (lire ici l'espace de présentation) doit se métamorphoser et pour se faire, nous devons quitter pour un entracte (quelque peu long, de ma perspective !). D'un univers aérien et terrestre, nous retrouvons une place autour d'un autre, aquatique cette fois, "Breach" d'Alexandre Morin. Sur le plancher blanc, éclairé par une lumière bleutée et occupé par des épaulards faits de plastique gonflé, dans un coin et les interprètes (Alexandre Morin, Jonathan Goulet, Ivanie Aubin-Malo, Noémie Dufour-Campeau, Chloé Ouellet-Payeur et Simon Renaud) vêtus d'habits "Marineland" !
Photo de PO Cadieux, tirée du site d'Alexandre Morin
La suite nous entraîne dans une agréable plongée en apnée au fond de la mer et il n'y a que les interruptions audio d'Azura Dragon Feather (sur sa chaîne YouTube) nous parlant de sa relation particulière avec son animal totem (l'épaulard ou l'orque) qui nous ramène à la surface. Mais heureusement (de ma perspective !), elle se fait éventuellement discrète et les mouvements des corps, portés et influencés par le son de la respiration d'un de ces habitants de cet espace, occupent toute la place. Et si comme moi, on se laisse aller à suivre les différents rythmes et déplacements de ces corps, il est possible de rentrer en phase avec ces êtres des "ondes" ! Ce que je vois n'a rien de spectaculaire, mais est d'une redoutable quiétude jusqu'à provoquer une plongée en moi, en apnée !
Et c'est tout doucement que je réémerge à la surface et saute hors de l'eau (comme une des traduction du verbe anglais "breach" !) pour, enfin, affronter en toute "zénitude" les périls de cette eau glacée tout dehors !
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