jeudi 3 juin 2021

Sur mes pas (réels et virtuels) au FTA: Retour sur une rencontre marquante avec "Alep. Portrait d'une absence" !

Pour une des rares journées pluvieuses de ces dernières semaines, c'est vers le Wilder que mes pas me portent pour découvrir "Alep. Portrait d'une absence" ! Lors de l'examen attentif des propositions de cette édition du FTA, cette oeuvre, hors de mes territoires habituels de danse, m'avait interpellé. La teneur du propos et le type de rencontre tout intime en faisait pour moi un incontournable, au point de vouloir faire une heure aller et une autre heure retour de déplacement pour les trente minutes de rencontre. Et quelle bonne décision, j'ai prise ! Pour mieux me faire comprendre, voici une "brève" description de ces moments débutant de mon entrée en salle jusqu'à ma sortie. 

Dans le Wilder, les différentes activités de FTA sont nombreuses et moi, je me dirige au fond à l'accueil. Une fois que j'ai donné mon nom, que j'ai répondu aux questions sanitaires d'usage et que j'ai mis mon masque de procédure, je peux monter les escaliers vers l'Espace danse. Sur le mur devant moi, je découvre une carte que je suppose (et qui sera) celle d'Alep, ville syrienne détruite, victime innocente tout comme ses habitants, de la cruelle guerre civile. Nous serons dix spectateurs pour les rencontres avec autant de personnes. Nous sommes informés de ce qui suivra, soit que nous devrons prendre une partie de cette carte de la ville et prendre un micro enregistreur qui est associé au numéro derrière cette partie de carte que nous aurons choisi.

                                                                       Tiré du site du FTA

J'ai donc pris mon morceau de cette carte (sans savoir de quoi il serait question) et le micro enregistreur qui y était associé. Une fois rendu dans le lieu de rencontre, j'écoute les instructions qui sont d'abord de trouver la table sur laquelle mon morceau de casse-tête pourra s'insérer et ensuite d'écouter l'origine de ce projet, soit de tenter de conserver dans notre mémoire collective les souvenirs par les paroles de ceux et celles qui y ont vécu heureuses ou heureux dans cette ville.

Je trouve ma place, met ma pièce et j'attends la rencontre. Tout autour devient sombre et arrive après quelques instants, face à moi, de l'autre côté de la table derrière un plexiglas, mon interlocuteur. Je lui remet mon "bidule" et il le met en marche pour que je puisse entendre la voix de celui qu'il incarnera. Par la suite, comme si c'était juste de lui à moi, malgré que tout autour les voix s'expriment comme dans une ville bourdonnante d'activités, il me raconte une partie de sa vie. Celle qui commence par les moments heureux dans son arrivée dans la mosquée, ses rôles jusqu'à ceux qui briseront sa vie, coincé entre des forces destructrices qui le dépassent. Cet homme en face de moi, c'est lui (même si le vrai Bakri est au Danemark) et ses paroles me touchent et mes yeux s'embuent, ouf !

Le tout se termine, mais avant de partir, je suis invité, sans obligation, à laisser un message verbal au vrai Bakri pour lui parler d'un de mes lieux de mon passé. C'est donc tout simplement que je lui parle de ma chance de pouvoir revenir sur cette rue où j'ai vécu mon enfance et sur laquelle est toujours mon église d'enfance et était mon école primaire devenue une résidence de personnes âgées. Une fois pesé le bouton stop, je reviens dans le moment présent et je quitte la salle. Une fois rendu dehors, je porte un nouveau et reconnaissant  regard sur ma ville jusqu'à mon retour à la maison et de réaliser la chance que j'ai ! Merci Mohammad, Al Attar, Omar Abusaada et Bissane Al Charif  pour votre projet de conserver la mémoire de votre ville et merci aussi à toi Frédéric Lavallée d'avoir aussi bien incarné cet homme ne voulant que le bien et le beau !


Aucun commentaire:

Publier un commentaire