C'est à la fin d'une journée résolument tournée vers l'hiver que mes pas m'amènent jusqu'à la porte du 840 rue Cherrier pour assister à la dernière représentation du Collectif 842. À mon arrivée, le hall d'entrée est déjà bien rempli et il le sera encore bien plus lorsque Audrey Roy gravira les marches pour les mots d'accueil d'usage suivis de l'invitation à entrer dans le lieu de présentation.
Affiche tirée du site du département de danse de l'UQAMÀ notre entrée, nous devrons prendre place autour d'un espace scénique délimité par une banse de tissu blanc. Une voix se fait entendre tout au long de l'entrée du public, mais moi, pas capable de bien l'entendre avec mon attention toute tournée dans la direction où semble se trouver un ou des corps immobiles. Et puis arrive le moment où ces corps, trois en fait, s'activent. Voilà comment débute "Aux effluves de fluides et de cierges" de et avec Camille Gendron & Estelle Weckering, accompagnées par Élise Paradis à l'accompagnement musical. De ce corps qui se sépare des deux autres, j'en vois une chevelure auréolée de rouge, dû à l'effet du projecteur juste derrière elle. Effet voulu ou non, pas grave, pour moi cela met la table de façon forte pour la suite. Je suivrai la lente évolution dans l'espace là devant moi de ces deux femmes. J'y vois une belle illustration de ce qu'elles nous proposent, soit "Une opportunité de se laisser aller à un état de réceptivité décomplexée." Une proposition poétique dans laquelle je me suis laissé porter par les mouvements, sans que ma tête tente de contrôler mes sensations. Bravo à vous !
Une fois les applaudissements terminés, nous sommes invités à nous diriger vers le fond de la salle, pour découvrir, "LA GIGUE LAVE SON LINGE SALE" de Naomie Côté. accompagnée aux mouvements par Marianne Beaulieu et Christophe Benoit-Piau et Gabriel Vincent-Beaudoin. Ce dernier est à l'accompagnement musical (violon). Et pour laver son linge sale, une bassine métallique est installée sur le devant de l'espace scénique. Le tout débute de façon fort classique avec de la gigue fort bien exécutée. Mais peu à peu certains préjugés envers la gigue sont énoncés tout haut dont "de la danse de cabane à sucre "! Jusqu'où peut aller ce lavage qui se poursuit avec les souliers retirés? Et bien voyez vous, nous avons droit au passage du figuré au propre dans la bassine, comprendre ici le dévouement total de Naomie Côté pour sa cause. Pour ma part, un beau moment face à des pas de gigue contemporaine, style de danse que j'apprécie mais que depuis longtemps, j'avais vu !
Et puis arrive le moment de la troisième présentation qui sera projetée sur l'écran devant nous, "BOD[EE]" de et avec Lucca Bella Stothers, dont les mouvements et les états exprimés seront captés par Jeanne Tétreault. Dans un espace dépouillé, toute mon attention est portée par ses mouvements et son visage dans lesquels je vois les différents états d'un conflit intérieur avec tous ses soubresauts ! Un solo que je voudrais bien revoir sur scène, cette fois !
Toujours de ma même place, je vois se préparer "Collage" de Naomie Charette et Catrine Rouleau avec Caroline Rousseau, Lou-Anne Rousseau, Marie Lamothe-Simon, Antonin Desmarais-Godin, Josiane Fortin et Charmaine Leblanc. Voilà pour moi, la proposition qui m'a le plus déstabilisé avec, parfois simultanément, de la projection tout en arrière, une affiche devant, des paroles sorties des haut-parleurs et aussi de la danse dans l'espace scénique. Mon attention peinait à suivre, trop occupé à papillonner d'un propos à l'autre. Il en reste que j'y ai trouvé des moments intéressants, tels que celui durant lequel, les corps sur scène dansaient en parfaite synchronisation avec celui sur l'écran et que l'info dite à l'écran résonnait là sur scène. Au final, je partage l'avis des créatrices qui nous annonçaient "Un petit projet rempli de rencontres curieuses."
Le tout se termine avec "VORACITAS" de et avec Camille Saenz accompagnée par Stephanie Melody Santos. Pour cette dernière proposition, on nous demande de reprendre place autour de l'espace scénique. Et puis sont placées sur scène des toiles blanches et différents aliments. Une fois tout en place, deux femmes s'installent sous ses toiles blanches et tout en ondulations, avec des allures un univers aqueux, émergent deux femmes avec la pluie qu'on entend tomber ! Et ce qui s'en suit en est une de démesure, appétit démesuré comme l'annonçait le titre. De ce que je vois, éclairés par du bleu et du rouge, ce sont une illustration cruelle d'un aspect de la nature humaine, insatiable sans compter. De ma place, je ressent même les effluves de ces actions débridées.
Ainsi se terminait les propositions automnales de Passerelle 840.qui encore une fois ont recelé des pas fort investis dans des explorations chorégraphiques de différents horizons fort prometteurs.
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