En ce début de festival Montréal en Lumière, l'Agora de la Danse nous propose un programme double prometteur qui a tenu ses promesses, signé Marie Béland.
En première partie, "Behind", s'offre d'abord à nous avec un grand panneau noir derrière lequel se mettront en action les interprètes Rachel Harris et Peter Trosztmer. Et toi, tu ne voyais donc rien, me demanderez vous ? Presque, mais surtout pas tout à fait, puisque entre le bas du panneau et le pancher, il y avait un espace et une surface réfléchissante qui nous permettaient de voir partiellement la projection visuel des corps. Les reflets déformés et inversés de ces corps projetés ou déplacés nous permettent d'extrapoler l'ensemble du mouvement et à imaginer l'oeuvre. Un constat qui explique la deuxième partie du titre, "Une danse dont vous êtes le héros". Inutile de dire que Martie Béland veut nous sortir de notre zone de confort comme spectateur peinard dans son siège, et elle le réussit très bien. Voilà, une oeuvre toute aussi exigeante que brillante avec une bonne touche d'humour. Même lorsqu'elle est revue, ce qui a été mon cas, elle révèle de nouveaux éléments. Le tout se termine par une pièce musicale live, "L'amour passe à travers le linge" d'Avec pas d'casque" avec les panneaux ouverts. La durée de vingt-cinq minutes est tout à fait adéquate pour obtenir le bon effet.
Photo: Julie Taxil
Il s'en suit une pause de vingt minutes durant laquelle nous pourrons rester dans la salle et assister au démontage de ce panneau complexe et des rideaux autour. Cette perspective dans le monde des décors a des allures de chorégraphie plaisante à regarder et le long vingt minutes de pause d'avant devient un court vingt minutes après.
Devant les gradins qui frémissent encore de bavardages et sur une scène toute dénudée de décors et d'accessoire, arrivent en toute simplicité Esther Rousseau-Morin et Rachel Harris. Elles nous regardent, d'abord, pour ensuite entreprendre chacune leur monologue "Between" lesquels notre attention est toute écartelée. Durant une dizaine de minutes, sans pause, la rafale de leurs mots se projette sur nous et nous oblige à mettre notre attention en garde partagée. Pourrrons-nous dans cette position "Between" reconstituer le propos avec nos perceptions intermittentes ? La réponse appartient à chaque spectateur, comme de toute façon à chaque citoyen soumis aux bombardements d'informations quotidiennes.
Après une courte pause, le tout reprend. Il en reste que même soumis à ce déferlement de propos avec des touches d'actualité (il sera même question du virus zika et de ses modes de transmission), il en émerge une évidence chorégraphique. La parole s'accompagne de gestes et de déplacements, qu'ils soient subtils ou évidents. Le tout se conclue avec l'arrivée d'un troisième personnage (Peter Troztmer) qui déstabilise le fragile équilibre que nous nous étions créés. Sacrée Marie !!!!
Impossible de ne pas applaudir très fort, la performance de Rachel Harris et d'Esther Rousseau-Morin, capables de tenir des propos différents sans s'enfarger dans les paroles de l'autre.
Photo: Montréal Danse
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