jeudi 18 août 2016

Sur mes pas en danse/théâtre/laboratoire en Zone Homa: "Stanford" pour stand for ???

9 minutes 52 secondes était le temps indiqué sur le mur en arrière scène, lorsque le tout s'est arrêté et que les éclairages se sont éteints, pour se rallumer quelques secondes plus tard sur une scène vide, mais seulement de ses interprètes. Vous ne comprenez pas tout à fait, c'est tout à fait naturel, par conséquent, reprenons depuis le tout début.

                                            Photo : Collage Aexandra Gélinas et Jonathan Allen

Mes pas m'ont amené à l'Espace Libre, lieu de diffusion utilisé pour cette occasion par la Zone Homa pour présenter "Stanford" de Natacha Filiatrault. Le lieu m'est quelque peu familier et mon choix est d'attendre, "au chaud" à l'intérieur ou dans les volutes des fumeurs à l'extérieur. Une fois mon billet récupéré, c'est à l'intérieur que j'ai fait la lecture du feuillet qui donnait le mode d'emploi (proposé) de ma soirée.
Étape #1: Aller voir le spectacle (coché !).
Étape #2: Avoir envie de voir des interprètes saigner sur scène ( ah oui, vraiment !!!, mais une fois rendu, ce préalable sera-t-il vérifié ?).
Étape #3: Rester passif et prudent dans mon appréciation immédiate (être un spectateur idéal, pourquoi  ?)
Étape #4: Arriver chez moi. (merci, mais aller où, sinon ?)
Étape #5: Magasiner les opinions de mes pairs sur les réseaux sociaux (oh que non !, d'abord aller courrir un bon 10 kilomètres, question de me mettre les idées en place, et ensuite laisser mijoter le tout quelques heures au fond de la "marmite")
Étape #6: Poster mon opinion (et que oui !!!!)
Étape #7: Bien dormir malgré mon envie de sang (sans façon !)

La lecture faite et le hall d'entrée bien plein à en déborder tout dehors, notre maître de cérémonie, sinon de jeu (David Strasbourg, dont l'efficacité n'a d'égal que le sourire) nous accueille, "fait le bilan des troupes" (tous les spectateurs indiquent qu'ils n'en sont pas à leur première expérience de danse contemporaine) et il nous invitent à entrer dans la salle. Nous prenons place sur ces longs sièges, sur lesquels nous trouverons des cartons aux quatre couleurs, un ballon de plage et une banane sur laquelle il est écrit "mange moi". Pendant ce temps sur la scène, aux quatre coins, masqués et costumés, quatre personnages "haut" en couleur, ainsi que tout au fond le DJ de la soirée (Tomas Furey). Une fois la salle tout à fait remplie, notre maître du jeu revient et nous indique le déroulement de cette soirée, durant laquelle nous participerons (sans aller sur la scène, il nous rassure) et en nous présentant juste devant la première rangée, un gros bouton rouge, de la façon de pouvoir l'utiliser, ainsi que la raison pour ce faire. Les explications sont claires et bien comprises, par conséquent, la soirée peut commencer. 

Ce qui suit mérite d'être découvert par soi-même, par conséquent, je m'en tiendrai aux "grandes lignes". Sachez que ces quatre personnages (Érich Étienne, Jean-Philippe Baril Guérard, Marie-Ève Carrière et Dave St-Pierre) nous proposeront leur mouvements sur scène, que nous déciderons des accessoires utilisés par ces gladiateurs de la scène. Peut-être avons-nous l'impression de décider et certaines fois, cette décision nous est effectivement retirée. Ballons de plage, balles de ping-pong, pelures de bananes seront quelques-uns des accessoires qui, tels des sédiments s'accumuleront sur la scène et sur le parcours chorégraphique des interprètes. À intervalles réguliers, notre maître de jeu nous interpelle collectivement pour décider de la suite des choses. Le tout évolue et l'impression que j'en retiens est que danser peut-être un acte périlleux. 

Avec du recul, j'ai l'impression que dans ce laboratoire, les cobayes n'étaient pas ceux que l'on pense. Si comme moi, vous savez que "Stanford" est aussi le nom d'une expérience en psychologie, menée en 1971, il est possible de tirer ses propres conclusions sur cette soirée. Si, en plus, vous vous rappelez aussi que Dave St-Pierre est un des interprètes, il est tentant de penser que Natacha Filiatrault s'est inspirée d'une des scènes de son spectacle "Un peu de tendresse, bordel de merde". Vous pourrez peut-être en déduire que le quatrième mur n'existe pas. Donc, 9 minutes 52 secondes avant la fin prévue, le tout s'est terminé abruptement, sans que personne ou si peu, ne s'objecte et que notre maître de jeu nous salue à la sortie de la salle.

Une soirée, au final, surprenante, mais qui tient ses promesses (et ses 7 étapes) et qui nous fera réfléchir sur notre véritable rôle de spectateur. Une oeuvre qui mérite qu'on la découvre, si elle se retrouve à l'affiche dans un avenir plus ou moins lointain.





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