Je me rappelle encore ce que j'avais vécu alors et que j'avais écrit. "Idiot" n'est pas une proposition si surprenante si vous aviez assisté à "No fun", premier volet de la trilogie en cours, inspirée par Iggy Pop. En effet, j'avais écrit à l'époque (pas si lointaine) pour "No fun" que Helen Simard "rock the place" avec une oeuvre qui décoiffe. Une oeuvre branchée sur le 220 volts, avais-je ajouté. Cette fois (avec "Idiot"), c'est à une oeuvre "sur l'acide" qu'elle nous convie. Une oeuvre qui amplifie et qui déforme nos perceptions. Une oeuvre qui au final, pourra plaire ou déplaire souverainement, mais qui ne laissera pas indifférent.
Photo de Claudia Chan Tak tirée du Devoir
Pour son dernier opus, son "Requiem Pop", elle nous propose une oeuvre "léchée", colorée par la diversité des corps (Stacey Désilier, Stéphanie Fromentin, Justin Gionet, Sébastien Provencher, Sarah Williams et Angélique Willkie) sur la scène et amplifiée par l'accompagnement musical live (Jackie Gallant, Roger White et Ted Yates). En ouverture de présentation, les danseuses/danseurs sont présents sur un des sièges en première rangée (dont Stacey Désilier juste à côté de moi !) et les musicien(ne)s sur une estrade tout au fond de l'espace scénique. Et au son d'une chanson nostalgique française fort éloquente et annonciatrice du propos qui suivra, soient les paroles de cette chanson de Yves Montand, "Les feuilles mortes",
"Les feuilles mortes se ramassent à la pelle
Les souvenirs et les regrets aussi.
Et le vent du Nord les emporte,
Dans la nuit froide de l'oubli."
Que peuvent être et devenir les feuilles mortes d'une rock star rendu à l'automne de sa vie (Iggy Pop aura dans les prochains jours, le 21 avril, 72 ans) ? C'est avec une distribution fort diversifiée, arrivant comme des rock stars, que la chorégraphe nous entraîne dans une cérémonie qu'elle nous présente comme "une réflexion incarnée, échevelée et poétique sur le vieillissement et la mythification de l'artiste."
Et moi, face à ces corps qui prennent possession de la scène ensemble ou individuellement, venant jusqu'à moi et même me frôler, je suis captivé. De cette icône qui se doit "rester la même" sur scène, nous en voyons des déclinaisons gestuelles adaptées à son âge. La contradiction des termes "hors du temps" et décadence présentée là devant moi. Le temps passe, son esprit reste et moi, devant, c'est l'essence du personnage que je perçois. Six ans de travail de recherche de la chorégraphe qui aboutissent dans une conclusion dont l'esthétique est belle et fort respectueuse du personnage. L'utilisation du contre-jour sur fond blanc durant un tableau (de Benoit Larivière aux éclairages) illustre bien où en est rendu le personnage, avec le soleil qui descend à l'horizon.
Et moi, qui me met à rêver, "mon requiem, c'est Helen Simard que le crée !" Mais revenons à aujourd'hui et apprécions tout le chemin fait et les pas sur scène pour arriver à destination.
Et moi, qui me met à rêver, "mon requiem, c'est Helen Simard que le crée !" Mais revenons à aujourd'hui et apprécions tout le chemin fait et les pas sur scène pour arriver à destination.
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