Merci Klara et bonjour à vous tous,
Quiconque me connaît un peu, sait déjà que c’est avec
un plaisir et un intérêt toujours renouvelé que je me rends découvrir ce que
les jeunes chorégraphes et interprètes en danse ont à nous proposer. Voilà donc
pourquoi, je me suis rendu dans les locaux de l’École de Danse Contemporaine de
Montréal pour assister à la première édition de « Boomerang-Danses
partagées » organisée par un comité de diplômé.es de cette école, avec au
programme, des premières ébauches de quatre œuvres. Avant de revenir brièvement
sur chacune d’elles, vous demanderez probablement qu’est-ce qu’une soirée
Boomerang ?
Matéo Chauchat, membre du comité organisateur, nous
l’indique de façon fort claire. Tout à l’image du boomerang, ces œuvres en
création nous seront d’abord « lancés » et nous, en retour, serons
invités à leur retourner nos impressions. Pour ce faire, inspiré d’une séance
Larsen, il nous transmettra d’abord la question de la chorégraphe, ensuite nous
serons invités à fermer les yeux pour trouver le mot ou les mots inspirés des
moments passés. Enfin, nous pourrons partager notre réception, avec une phrase
qui débute par « ce qui a fonctionné pour moi » ou « ce qui n’a
pas fonctionné pour moi ». Tout cela pour permettre aux chorégraphes d’en
prendre bonnes notes et d’aller de l’avant.
Voilà, une formule qui me plait bien et j’ai totalement
embarqué autant dans la découverte des quatre œuvres que dans la rétroaction
qui s’en est suivi. Je vous en propose donc un court compte-rendu.
En ouverture de rideau, « Collecting the
Bones » de Jenna Beaudoin. Avec son long, très long foulard riche en nœuds,
enroulé autour de son cou, elle trace sur le sol un chemin à suivre
labyrinthique, comme pourrait le faire nos gènes et notre éducation. Et une
fois fait, elle en entreprend le parcours, mais, et c’est ce qui a le plus
fonctionné pour moi, elle ose passer par-dessus les bordures du chemin qui se
présente à elle, pour aller jusqu’au bout de ses aspirations. Voilà un témoignage
fort éloquent et bien rendu.
Il s’en suit « Ellipses » de Stefania Skoryna,
qui nous présente trois femmes, incarnées par Miranda Chan, Lena Demnati et
Mathilde Heuzé, qui me captivent dès le début, par leurs mouvements ondulatoires
et circulaires. Leurs positions changent, mais l’effet de leurs ellipses en est
le même. J’y ai vu des allers retours de notre univers modulé par l’aller du
Bing Bang et du retour « ensemble » et implosif du Big Crush. Une
version allongée sera présentée l’été prochain. J’y serai, promis !
Après une pause, Mathilde Heuzé nous revient seule
pour nous présenter sa création, « Hypotypose ». L’hypotypose qui est une figure de style consistant à décrire une scène de manière frappante et animée. Et c’est ce que nous découvrirons au pluriel, avec elle s’animant devant différentes images animées de notre monde, projetées sur le mur derrière elle. La
séquence de présentation mériterait, selon moi, d’être allégée, mais j’ai pu en
voir quelques-unes avec lesquelles, elle était en parfaite symbiose avec ses
gestes. J’en retiens surtout une durant laquelle elle bougeait en parfaite
harmonie avec les volutes de fumée juste derrière. Un pur moment de bonheur
esthétique qui a bien fonctionné pour moi et que j’ai partagé avec un grand
enthousiasme par la suite.
La soirée se terminait par le solo de Hélène Remoué,
« Sans rien forcé ». Elle se donne le défi de nous faire ressentir avec
une seule personne ce que le corps vit et exprime dans la foule lors d’un rave
underground. La contradiction de cette singularité, normalement exprimée dans
une foule est confrontée et surmontée grâce à la performance fort intense de Cara
Roy sur une trame musicale toute en phase avec la pulse souhaitée.
Une soirée qui annonce de beaux jours. Je ne peux
m’empêcher de vous rappeler qu’il est possible de poursuivre sur cette voie, avec,
cette fois, les étudiantes de deuxième année du département de danse de l’UQAM
qui nous présente ces jours-ci, rue Cherrier, « Paradis » de
Catherine Gaudet. Je m’arrête ici, bonne prochaine de danse.
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