vendredi 5 avril 2019

"Ces jeunes qui font du bien à voir danser"; ma chronique du 5 avril à Danscussions & Co


Merci Klara et bonjour à vous tous,

Quiconque me connaît un peu, sait déjà que c’est avec un plaisir et un intérêt toujours renouvelé que je me rends découvrir ce que les jeunes chorégraphes et interprètes en danse ont à nous proposer. Voilà donc pourquoi, je me suis rendu dans les locaux de l’École de Danse Contemporaine de Montréal pour assister à la première édition de « Boomerang-Danses partagées » organisée par un comité de diplômé.es de cette école, avec au programme, des premières ébauches de quatre œuvres. Avant de revenir brièvement sur chacune d’elles, vous demanderez probablement qu’est-ce qu’une soirée Boomerang ?

Matéo Chauchat, membre du comité organisateur, nous l’indique de façon fort claire. Tout à l’image du boomerang, ces œuvres en création nous seront d’abord « lancés » et nous, en retour, serons invités à leur retourner nos impressions. Pour ce faire, inspiré d’une séance Larsen, il nous transmettra d’abord la question de la chorégraphe, ensuite nous serons invités à fermer les yeux pour trouver le mot ou les mots inspirés des moments passés. Enfin, nous pourrons partager notre réception, avec une phrase qui débute par « ce qui a fonctionné pour moi » ou « ce qui n’a pas fonctionné pour moi ». Tout cela pour permettre aux chorégraphes d’en prendre bonnes notes et d’aller de l’avant.

Voilà, une formule qui me plait bien et j’ai totalement embarqué autant dans la découverte des quatre œuvres que dans la rétroaction qui s’en est suivi. Je vous en propose donc un court compte-rendu.
En ouverture de rideau, « Collecting the Bones » de Jenna Beaudoin. Avec son long, très long foulard riche en nœuds, enroulé autour de son cou, elle trace sur le sol un chemin à suivre labyrinthique, comme pourrait le faire nos gènes et notre éducation. Et une fois fait, elle en entreprend le parcours, mais, et c’est ce qui a le plus fonctionné pour moi, elle ose passer par-dessus les bordures du chemin qui se présente à elle, pour aller jusqu’au bout de ses aspirations. Voilà un témoignage fort éloquent et bien rendu.

Il s’en suit « Ellipses » de Stefania Skoryna, qui nous présente trois femmes, incarnées par Miranda Chan, Lena Demnati et Mathilde Heuzé, qui me captivent dès le début, par leurs mouvements ondulatoires et circulaires. Leurs positions changent, mais l’effet de leurs ellipses en est le même. J’y ai vu des allers retours de notre univers modulé par l’aller du Bing Bang et du retour « ensemble » et implosif du Big Crush. Une version allongée sera présentée l’été prochain. J’y serai, promis !

Après une pause, Mathilde Heuzé nous revient seule pour nous présenter sa création, « Hypotypose ». L’hypotypose qui est une figure de style consistant à décrire une scène de manière frappante et animée. Et c’est ce que nous découvrirons au pluriel, avec elle s’animant devant différentes images animées de notre monde, projetées sur le mur derrière elle. La séquence de présentation mériterait, selon moi, d’être allégée, mais j’ai pu en voir quelques-unes avec lesquelles, elle était en parfaite symbiose avec ses gestes. J’en retiens surtout une durant laquelle elle bougeait en parfaite harmonie avec les volutes de fumée juste derrière. Un pur moment de bonheur esthétique qui a bien fonctionné pour moi et que j’ai partagé avec un grand enthousiasme par la suite.

La soirée se terminait par le solo de Hélène Remoué, « Sans rien forcé ». Elle se donne le défi de nous faire ressentir avec une seule personne ce que le corps vit et exprime dans la foule lors d’un rave underground. La contradiction de cette singularité, normalement exprimée dans une foule est confrontée et surmontée grâce à la performance fort intense de Cara Roy sur une trame musicale toute en phase avec la pulse souhaitée.

Une soirée qui annonce de beaux jours. Je ne peux m’empêcher de vous rappeler qu’il est possible de poursuivre sur cette voie, avec, cette fois, les étudiantes de deuxième année du département de danse de l’UQAM qui nous présente ces jours-ci, rue Cherrier, « Paradis » de Catherine Gaudet. Je m’arrête ici, bonne prochaine de danse.

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