lundi 8 avril 2019

Sur mes pas en danse: Retour sur une belle soirée colorée d'intériorité au Wilder

L'horaire de présentation me le permettait et la proximité des lieux de présentation tout autant. Voilà donc pourquoi, mes pas m'ont amené jusqu'au Wilder pour d'abord découvrir dans l'espace Bleu "L'antichambre de la création" d'Aurélie Pedron et ensuite pour assister quelques pas plus loin dans l'espace Vert,  au programme double proposé de Tangente avec les créations de Leticia Vera et de Sarah Maria Samaniego.

Ainsi donc, en tout début de soirée, je suis un des premiers à me rendre prêt à découvrir "L'antichambre de la création". De cette créatrice hors-norme, je n'en suis pas à mes premières expériences toujours heureuses et intenses. Voilà donc pourquoi, lorsqu'on me demande d'enlever, mon manteau, mes chaussures, mais aussi ma montre et mes lunettes, je n'étais pas trop surpris. Mes rencontres précédentes avec "Entre" et "Corps Caverneux" s'avéraient fort instructives. Comme l'a utilisé de façon fort habile le réalisateur Stéphane Lafleur avec la dualité phonétique (qu'il est préférable de lire à haute voix pour mieux la saisir !) de son titre de film, "En terrains connus", j'ai vécu une plongée en apnée temporelle tout autant en "terrains connus" qu'en "terres inconnues". Et lors de mon retour à la réalité du temps présent, un moment de décompression fort essentiel m'a permis de revenir "là et maintenant".

Impossible de savoir à l'avance ce que chaque spectateur ressentira lorsqu'il "vivra" cette expérience, mais, pour peu qu'on lâche prise et que l'on fasse confiance, c'est aussi en nous que nous plongerons pour y découvrir notre nature enfouie. Pour les intéressé.es, rendez-vous l'automne prochain et je vous le recommande, pour vivre une réalité, autrement.

C'est donc tout à côté que je me dirige pour prendre place dans la file d'attente pour assister au programme double de Tangente. Feuillet en main, je découvrir que l'eau est un trait commun des deux oeuvres à venir. Donc, "Paagos (Drift)" de Sarah Maria Samaniego que "La Soif" de Leticia Vera, utilisent cet "élément essentiel de la Terre et du corps humain".

                                          Photo de Barbara Diabo par Damian Siqueiros

C'est donc avec des spectateurs tout autour de l'espace de présentation et sur "des images d'eau projetées" sur le plancher scénique que nous arrive cette femme tout de blanc vêtue. Sur cet espace, elle trouve sa place pour ensuite sembler combattre pour la conserver. Je sens le message, doucement et fermement transmis par tous ses déplacements et les manipulations avec les quatre bandes de plastique disposées au quatre coins de la scène. Comme si elle devait combattre les "récifs" de la vie qui veulent la briser. Ce qui, pour moi, semble en lien avec ce qu'elle vit dans son pays, soit Les Philippines. Il en reste que de sa présentation qui a tout de premiers pas (normal si je me fie à l'âge qu'elle semble avoir), je sens une calme affirmation qui n'a d'égal que la beauté de son sourire en fin de présentation.

Une fois les derniers applaudissements envolés, nous, spectateurs, quittons pour permettre la mise en place la deuxième partie, "La soif" de Leticia Vera par Ivanie Aubin-Malo, Barbara Diabo et Mariana Minutti. Et comme l'annonçait le texte de présentation, "Autour de nous : un univers mystique blanc. comme si nous nous trouvions au centre d'une goutte d'eau.", c'est ce que je découvre dès les premiers moments. Tout au fond de l'espace scénique, les trois interprètes dans une bulle semblent lutter avec douceur et détermination contre la pression externe pour venir vers nous. Elles la déforment, à la recherche d'un point de faiblesse pour la faire grossir et éventuellement pour pouvoir en sortir. Et c'est ce qu'elles feront avec grâce tout doucement.

La suite, fort bien appuyée sur scène par Moe Clark (directrice sonore, compositrice et performeuse musicale), m'a amené dans un cérémonial que j'ai ressenti plus que je n'ai vu, au sens rationnel du terme. J'ai accueilli les différents tableaux comme la terre reçoit dans ses interstices, cette eau dont elle a grand besoin ou le sable qui prend ce qu'il a besoin de l'eau riche en nutriments, apportée par les différentes vagues.

Des moments tout teintés en rituel qui m'ont emporté tout à l'intérieur de moi-même et m'ont fait grand bien.C'est porté par ces derniers moments que je suis revenu à la réalité, mais sans que ses humeurs n'aient de prises sur moi.

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