samedi 27 avril 2019

Sur mes pas en danse: Une soirée "100Lux" et pleine de beaux mouvements surprenants !

Vers des soirées de danse urbaine, mes pas m'ont peu amené ces dernières années. Résultat d'une combinaison de propositions en salle peu fréquentes et d'affinité oeuvre-intérêt personnel limitée. Il en reste que les circonstances s'y prêtant et l'agenda le permettant, j'avais assisté à la soirée "Un temps pour tout" organisé par Sovann Rochon-Prom Tep au Théâtre La Chapelle. De cette soirée, j'avais conclu mon texte par "De cette soirée fort intense, essentiellement "expérientielle", j'en ai très bien ressenti les "vibes" qui m'ont enveloppé dans un univers par des artistes "habités" qui m'ont permis cette fois, d'y découvrir une âme fort vibrante! Une soirée qui en amènera d'autres, promis !"

Promesse faite et promesse tenue ! Je me suis donc dirigé jusqu'au Wilder pour la première des quatre soirées concoctées par  "100Lux" et présentée par Tangente dans l'Espace Orange. Une autre occasion qui "sort de la rue" (oui, oui !!!) la danse urbaine pour la mettre "en salle". Tout en harmonie avec la première phrase de feuillet de présentation de la soirée, "Sept danseurs urbains et de rue canadiens explorent de nouveaux territoires, ouvrant leur âme et leur corps à quelque chose de viscéral, personnel et imaginatif."

Ce nouveau territoire pour cette fois, était l'Espace Orange du Wilder, mais c'est d'abord dans un hall fort achalandé que j'ai fait mon entrée, "because 5 à 7 avec GRIS Montréal" (si comme moi, cet organisme vous est ou était inconnu, voici le lien https://www.gris.ca/ ). Pas vraiment eu le temps et la possibilité d'entendre les discours, mais j'ai réussi à trouver une place près de la porte d'entrée de la salle. Juste avant, dans le café-hall, avant notre entrée, deux interprètes, comme un prologue de la soirée, nous proposent une courte pièce qui nous montre le doux envol du geste, porté par de la musique planante pour ensuite se reposer tout aussi en douceur. Et comme elles semblaient reprendre leurs mouvements, la porte s'est ouverte et moi, je me suis dirigé vers mon siège.

C'est devant une salle "ben pleine", composée d'un auditoire hétéroclite (en style, en âge), que Stéphane Labbé (directeur général de Tangente) et Christina Paquette (chargée de projet et des communications de 100Lux) nous adressent les mots de bienvenue. Et arrive le moment, les lumières s'éteignent et que nous passons en mode découverte. Ici, le nous est une extrapolation du je tout personnel ! 

C'est dans la noirceur la plus totale ou presque que débute "Escucha" des frères Sono, Victor (en danse) et Tito (à la guitare). De mon siège, première rangée (évidemment !), je réussie quand même à apercevoir un corps, telle une ombre blanche se déplacer tout au long de la première pièce musicale. Et une fois les lumières allumées, c'est une performance toute aussi allumée que j'ai pu apprécier durant la douzaine de minutes qui a suivi. Impossible pour moi, de déterminer qui dirigeait qui, mais les pas de l'un suivaient "la guitare" de l'autre. À moins que ce soit l'inverse ! Peu importe, la complicité est évidente entre les deux et elle se ressent jusqu'aux spectateurs. Une belle démonstration de "être on the beat", mais aussi d'être à l'écoute ( traduction française de mot espagnol, escucha) de l'autre. 

                                    Photo de Victor et Tito Sono, tirée du site de Tangente.

Il s'en suit "Doppelgänger" de Mecdy Jean-Pierre avec Marie-Ève Bernard et Martine Castera. Impossible pour moi de ne pas me rappeler ma rencontre avec ce chorégraphe, la semaine précédente (à Danscussions & Co). J'y avais appris (par Axelle Munezero qui l'accompagnait) qu'il était un danseur qui en prestation se transformait en un personnage, "Venom". Il a bien transmis son venin à ses eux interprètes qui en incarnent en double son sosie (ou doppelgänger, en allemand). 

Pour l'instant, loin du "battle" et de la rue, la danse urbaine investie très bien la scène traditionnelle intérieure et y trouve sa place !

Courte pause et "Face Value" de la compagnie Borealis Soul (de Whitehorse, Yukon) se présente à nous avec Kelvin Smoler, Alex Robinson, Valérie Herdes et Jordan Reti. De ce slammeur et de ces visages recouverts, d'abord, qui se découvrent ensuite, je suis resté captivé de leurs mouvements trop brièvement présentés. Un "vent du nord" qui saisit d'abord et qui fait du bien, ensuite !

Et puis arrive "ma surprise" de la soirée, "Oui /Non" de et avec Celine Richard-Robichon, accompagnée par Elie-Anne Ross. Je ne saurais dire en mot le lien entre le titre et ce qui a suivi, mais devant moi en gestes, j'ai pu comprendre le début de la phrase de présentation (dans le feuillet), "Oui, je peux voir l'illusion- mais non, elle n'existe pas". C'est fou ce que deux femmes et un drap peuvent captiver et aussi amuser, en gestes, mais aussi en propos. 

Et puis arrive la proposition de cette soirée qui m'a interpellé le plus. "Un bonhomme surpris, triste et heureux" de et par Shanyça Elie-Leconte. Elle nous aborde frontalement et avec un large sourire avant de nous entraîner dans l'évolution de son personnage qui dérape suite à une prise de drogue. Cette femme est une interprète en danse, mais aussi une comédienne, parce que moi aussi, j'ai été surpris, triste et heureux (comme le personnage !), tout au long des quelques minutes (7, selon le feuillet de la soirée) de notre rencontre.

"Fil rouge" d'Emmanuelle Lê Phan (co-directrice de Tentacle Tribe), mon coup de coeur de la soirée, met sur scène un récit "tissé" d'un fil rouge et porté par Kalliane Brémault, Samuel Cyr, Victoria Mackensie, Anthony Palomeque, Elie-Anne Ross et Alexandre Wilhem. De ce récit, les gestes produisent un effet fort (à preuve, juste derrière moi, les réactions fort senties et aussi la remarque, "c'est nasty"). Une de ces fois, durant laquelle les dominos de ses corps qui se déplacent, avec cette table et ces chaises, comme accessoires, pour bien ressentir que la matière tout autour détermine du destin des humains !

Une fois les "fils rouges" sur le sol, tous enlevés, "Tout va bien dans le meilleur des chaos" de et avec Madgalena Marszalek, accompagnée par Achraf "Eywaa" Terrab Junior et "Djüngle" Dorsaint, nous entraîne dans une incursion toute personnelle dans l'univers du "house". Une façon fort belle de terminer une soirée différemment colorée et qui résonne en moi de par la contradiction du propos, "C’est intime et exposé. C’est personnel et partagé. C’est solitaire au cœur d’une foule. C’est se sentir chez soi… dans un club sombre." Et de son affirmation 

Et, une fois le tout terminé, tous les interprètes reviennent ensemble sur scène pour, d'abord, recevoir les applaudissements fort bien mérités et ensuite, nous inviter à les rejoindre sur la scène pour danser. Invitation que plusieurs accepteront, mais que moi, je déclinerai en sortant discrètement de la salle. 

À cette question que je me posais, "peut-on amener sur une scène "classique", la danse urbaine qui demande un échange avec son public tout à côté (dans un battle, par exemple) ? Ma réponse toute personnelle, suite à cette soirée, est définitivement oui. L'interaction avec le public, essentielle à cette forme artistique est possible, même à une certaine distance dans une salle de présentation plus classique. À preuve, je l'ai vécu en cette soirée !

Aucun commentaire:

Publier un commentaire