Merci beaucoup Maud et bonjour à vous tous,
Heureux de revenir pour faire une petite saucette avec
vous dans les ondes estivales de Danscussions & Co en cette saison de
festival.
Je voudrais, aujourd’hui, revenir sur une de mes plus
récentes sorties danse pour vous partager mes observations et mes impressions, fort
positives, par ailleurs. Sortie pour laquelle, j’étais accompagné par deux de
mes trois petits-fils pour découvrir « Terrien » de Nate Yaffe
présenté par Tangente. J’avais écouté avec intérêt les différentes étapes de la
création de cette œuvre pour jeune public qu’il a présentée au cours de
l’émission du 10 mai dernier. Ce fut le déclencheur pour proposer à mes trois
petits-fils de m’y accompagner. Mais lorsque je leur mentionne que ce spectacle
sera interactif, cela les convainc moyennement. Malgré tout, sûrement pour
faire plaisir à leur grand-père, les deux plus jeunes, de 8 et 4 ans, presque 5,
ont accepté de m’accompagner.
Au moment d’aller les chercher, le plus jeune hésite,
et c’est un euphémisme. Malgré tout, il accepte et nous nous rendons jusqu’au
Wilder. Devant la porte de l’Espace Vert, se retrouvent des petits-fils
incertains et un grand-père rassurant. Nate, je compte sur toi! me dis-je
intérieurement. Tout autour de nous, plein de parents accompagnés par leurs
enfants et des adultes seuls aussi.
Le moment venu, Nate nous invite à entrer et à
examiner attentivement les trois « sculptures », intrigantes,
suspendues au milieu de l’espace Vert. Si le grand-père est en territoire familier,
ce n’est pas le cas du plus jeune qui exprime dans cet espace une certaine
crainte, sinon une crainte certaine. Rien à faire, l’examen des trois
sculptures suspendues ne fait pas parti du programme de sa journée. Nous nous
replierons donc sur un banc pour apprivoiser le lieu et faire l’examen de ces
objets suspendus, pendant que la salle fait son plein de spectateurs de tout
âge fort curieux. Je le sens, je devrai composer avec différents rôles, celui
de spectateur, celui d’observateur et aussi celui de grand-père attentif et
rassurant. Puis débute la représentation, dirigée par Nate Yaffe qui nous
demande de choisir notre « sculpture » préférée en nous rassemblant
au-dessous. Ce que nous ferons, quoiqu’en périphérie, pour participer à ce qui
suivra.
Nous serons invités à définir ce que peut être un
« terrien », d’un être humain à une roche, en passant par les animaux
et les bactéries. Les jeunes y contribuent avec un grand enthousiasme!
Et la suite est fort bien pensée et habilement amenée.
Une fois trouvée la nature de notre sculpture, nous sommes invités à lui trouver
un nom et les mouvements pour l’animer. Ce que nous devrons faire en groupe,
d’abord pour ensuite le présenter aux autres. Puis tous, sont invités à danser,
d’abord en groupes et ensuite, tous ensemble. De notre côté, mes petits-fils et
moi, choisirons une position défensive, soit celle du repli et de l’observation.
Ce qui me permet d’observer que les autres, plus jeunes comme plus vieux, de
tout le spectre des âges, embarquent dans la proposition.
Et puis nous sommes invités à nous replier derrière le
cercle éclairé pour découvrir les trois interprètes, Angie Cheng, Pénélope
Gromko et Lauren Semeschuk qui prennent possession de ce cercle éclairé que
nous libérons de notre présence. D’abord, elles dansent, ensuite, elles dépouillent
graduellement de leurs attraits les sculptures qui à tour de rôle, descendent
proche du sol. Fort fascinant de découvrir la suite. De la sculpture à
l’interprète, qui l’utilise et le partage avec une autre pour, ensuite le
laisser en bordure du cercle à la portée des spectateurs. Et tout
naturellement, jeunes et moins jeunes en prennent possession et les utilisent
pour s’en parer. De ma position en repli avec mes deux accompagnateurs fort
attentifs eux aussi, je peux constater que graduellement les jeunes commencent à
occuper la place, sans qu’aucune directive ne soit formellement donnée, et ainsi
participer à l’œuvre. Et pis arrive le moment, où tous sont invités officiellement
à participer à l’œuvre en dansant.
Le tout se termine lorsque Nate Yaffe, « maître
de cérémonie », nous invite à nous asseoir et à partager nos impressions,
Ce que j’entends des jeunes et des plus vieux est fort intéressant et me
confirment qu’ils ont bien compris l’intention de l’œuvre, avec des mots comme
rencontre, évolution et mutation.
Voilà, selon moi, une œuvre intelligemment construite qui
amène les spectateurs de tout âge à participer sans que les mots ne soient nécessaires.
Une œuvre fort intéressante, qui s’adresse aux enfants,
mais pas pour tous les enfants, si je me fie à la réaction de mes petits-fils.
Il en reste qu’au retour à la maison, ils m’indiquent qu’ils ont bien aimé,
même si, à leurs parents, leur réponse est plus tiède !!! Gentils et
protecteurs, mes petits-fils ! En conclusion, pour un chorégraphe qui a dit
« je ne sais pas faire cela » en début de processus, Nate Yaffe et
tous ses collaborateurs peuvent dire mission accomplie. Et ils devraient
poursuivre dans cette voie, celle de l’inclusion ! Merci Tangente de lui avoir
permis d’aller à la rencontre d’un plus grand public.
Et à vous toutes et tous, bonne saison de festivals !
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