Cette conviction profonde et doctrinaire ne s'applique cependant pas lorsqu'elle concerne celle de ma plume, de la main qui la dirige et de mon imagination qui la guide. Au passage, ma plume pourra plutôt être un crayon à mine, mais jamais un clavier ! Voilà donc pourquoi, mes pas m'ont ramené au Gym du Lab Littéraire en cette fin de matinée d'un dimanche fin avril , pour sa quatrième édition, invité par Patricia Rivas.
La formule est décontractée, gratuite, mais surtout agréable. Autour d'une table dans une salle du sous-sol du Resto Végo sur St-Denis, en cette journée de printemps hésitant, nous serons quatre prêts à "s'exercer". Nous aurons droit d'abord à un exercice de réchauffement, présenté par la guide fort démocratique (Patricia), illustré par un exemple. Pour cet exercice de réchauffement, nous disposerons de trente minutes. Nous devrons sur un même thème, rédiger de courts textes au style et au rythme différent, annoncés par un titre différent.
Voilà ma seule zone d'angoisse lorsque je me rend à ce Gym, pour "venir libérer ma plume" ! Sera-t-elle capable, une fois libérée, d'être domptée pour répondre à la demande ? C'est d'abord, un moment d'angoisse pour celui qui tient le crayon suivi de quelques respirations introspectives pour que le déclic se fasse et que le mouvement des gestes se traduise par des mots sur papier et répondre à la demande.
Une fois le temps écoulé, nous serons trois sur quatre à avoir produit une histoire en trois temps, l'autre en aura quatre ! Il s'en suit les délicieux moments de partage. Pour avoir une indication de ce qu'il est possible de créer, je vous propose ce que j'ai fait.
Thème : Ces pas qui résonnent
Titre : Début de journée
Ces pas qui résonnent gaiement dans le couloir sont
pour moi. Tout pour me faire oublier qu’ici c’est triste et que dehors
l’automne dégouline de toute sa morosité sans espoir. Des pas qui annoncent que
bientôt, les volets seront tirés et que le sourire ensoleillé de celle qui
vient réchauffera mon humeur maussade, tel un baume sur une vieille blessure
jamais guérie.
Thème : Ces pas qui résonnent
Titre : Fin de nuit
Ces pas qui résonnent, ce sont les miens, en fin de
mission. Ils se dirigent là, pour compléter une tâche déjà entamée, mais jamais
terminée. Dehors, rien ne m’attend, sinon cette pluie qui dissout tout espoir
de jours meilleurs. C’est ici, bien à l’abri, tel un cocon, que je peux me
dévouer tout en efforts et en sourire.
Thème : Ces pas qui résonnent
Titre : Début de rien
Le temps passe vite, trop vite (pas comme dans un gym d'exercices physiques !), nous pourrons, très bien réchauffés, passer au prochain exercice qui s'avérera malheureusement le dernier. Nous devrons produire un texte avec une intrigue qui se conclue avec un "punch". Question de faire baisser l'angoisse, nous avons droit au conseil fort avisé et que j'ai suivi, soit de ne pas chercher la chute avant de débuter le texte, mais plutôt de la trouver pendant la rédaction. "Entrer dans le tunnel et faire confiance que nous découvrirons la lumière devant, en marchant (ou en écrivant, évidemment !).
Donc, "à l'attaque" ! Premier moment, respirer pour trouver l'amorce, suivi par d'autres respirations pour déterminer l'angle d'approche. Et "bingo", je trouve ! Et sans savoir où cela me mènera, je me mets à écrire. Et juste au moment, la sonnerie annonçant la fin se fait entendre, je mets le point final à mon histoire, après avoir en cours "de chemin", vers la fin, trouver ma chute ! Et encore une fois les productions de tous s'avèrent intéressantes et réussies. Et voici, tout humblement, le résultat de mon exercice.
Ça sera pour aujourd’hui, voilà la seule certitude que
Dominique possède en ce début de journée. Les signes qu’elle avait observés
l’avait préparée, à la suite de la révélation, tel un ressort comprimé à son
maximum avant la détente.
Il y a eu cet inconnu qu’elle avait croisé chacun des
jours précédents, à la même intersection, sans panneau indicateur. Cet homme
avec un imper élimé, chapeau rabattu, qui lisait toujours la même revue, rendue
chiffonnée et qui tenait aussi une laisse, sans chien au bout.
Il y a eu aussi, toute la semaine, à la même heure
2h22 du matin, une sonnerie qui résonnait quelque part, trois fois avant de
devenir muette. Son téléphone, aussi, s’y était mis, en sonnant la nuit dernière
jusqu’à ce qu’elle réponde et qu'elle n'entende rien sinon un silence lourd,
annonciateur de la menace à venir.
Maintenant, tout autour, rien, pas même le son d’une
télé ou d’un vieux frigo qui peine à refroidir. Seul un silence gorgé de
menace, mûr pour éclater.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire