Lorsqu'arrive les spectacles de fin d'année des étudiant.es de l'École de danse contemporaine de Montréal, ils concluent ma saison hivernale régulière et "normale, cette année" en danse. Et c'est avec des pas fort légers et heureux aussi, que je me dirige vers l'Espace Orange du Wilder. Le café-bar est déjà fort bien pourvu de monde malgré l'heure hâtive de mon arrivée et comble de bonheur (pour moi, le spectateur d'une autre époque !), j'ai droit à un programme papier de la soirée. Je pourrai donc l'ajouter à ma collection qui a peiné à se garnir depuis deux ans.
Une fois les portes de la salle ouvertes, je trouve "ma" place en première rangée. Devant moi, une scène toute simple et vide, tandis que derrière, les sièges trouvent preneuses et preneurs. Et puis, enfin (!), ceux autour de moi dans ma rangée aussi ! La première oeuvre est avec la "gang" de deuxième année (Méanne Belisle, Gabrielle Boudreau, Laura Brisson, Alec Charbonneau, Sphynx Church, Meggie Cloutier-Hamel, Émile de Vasconcelos-Taillefer, Coralie Fortier, Camille Huang, Mya Métellus, Audric Raymond et Tommy Lee Salvas) et "TRUE ARTIFACTS" de PARTS+LABOUR_DANSE (Emily Gualtieri et David Albert-Toth).
Crédit Maxime Côté fournie par l'EDCM
Le tout débute comme dans une ombre qui se dissipe pour laisser place à douze humains qui se présentent face à nous. Ils se mettent en mouvements tout en harmonie sur fond assez sombre. Et dans ses pulsions déployées, j'y vois apparaître la faille de la différence. J'observais attentivement celui ou celle qui exprimait sa différence et qui, parfois, en entraînait d'autres. Le sens de l'oeuvre présentée, "À travers un système de répétitions et de cycles évolutifs, les interprètes explorent la relation entre le script et la spontanéité, entre les faits et la fiction, entre eux et vous." Et ce contact, je l'ai bien ressenti et apprécié lorsque certains regards se sont dirigés droits vers moi. Il y aura ces alternances du "nous" et du "je", ce "je", tel un artéfact qui induit, comme une fracture de la certitude, la suite jusqu'à cette fin, tout ensemble.
Il s'en suit, la "gang" de première année (Rosalie Boivin, Gabrielle Bouchard, Léa Boudreault, Julianna Bryson, Victor Burdet, Angélyk Delisle-Hevey, Ambre Dupuis, Jean-François Gilède, Tom Godefroid, Alice Jackson, Clodie Lambert, Rosalie Lamoureux, Sarah Manipou, Charlotte Mégardon, Manon Scialfa, Jules Talavera, Alex Turcotte, Anna Vauquier) qui nous présentera "Vacillement des ombres" de Pierre-Marc Ouellette.
Crédit Maxime Côté fournie par l'EDCMDans cette proposition, le vacillement, j'en ai vu les différentes déclinaisons fort bien portés par chacun.e d'eux. Il a ceux entouré par les autres, sinon porté par tout.es. Celui en solitaire comme en groupe. Le vacillement, aussi qui semble éclore comme une fleur pour nous présenté le crépitement des corps. Le vacillement amplifié par son ombre projeté derrière. Le vacillement, fort humain, réconforté par les autres. Et puis ce tableau qui me ramène à mon adolescence avec la pièce "Moonchild" de King Crimson, un de mes groupes préférés de l'époque, quel plaisir ajouté !
Une proposition qui allie mouvements et propos comme je les aime !
Une fois l'entracte passé, de retour à nos places, débute "Les jeux du sacre" de Stefania Skoryna avec la même gang de deuxième année.
Pause
Le "Sacre du printemps" de Stravinsky semble être dans l'air du temps, puisque, la semaine précédente à l'Agora de la Danse présentait "Sacrer" de Katya Montaignac qui elle aussi s'appuyer sur cette oeuvre pour créer sa proposition.
Fin de la pause
Présentée comme "une création inattendue et ludique où, tel un cadavre exquis, se juxtapose des images poétiques et absurdes.", c'est bien ce que j'ai pu découvrir tout au long des différents tableaux. En entrée de jeu, le tout se présente de façon fort classique, ils sont tout.es habillé.es de façon identique (sauf leurs bas) mais le vernis d'uniformité de cette société craque et, moi, j'y vois une perte de repères. Comment réagir face à ces nouvelles réalités qui se présentent à nous, parce qu'il en est de nos rêves comme de ces ballons. Et lorsque vers la fin, pour créer une voie de passage vers un avenir meilleur, le "St-Graal" apparait dans l'une de ces mains et qu'il se multiplie, comment ne pas y voir une perspective toute actuelle, soit de trouver le bon et ne pas s'y perdre! Une oeuvre fort fascinante qui, de ma perspective de spectateur, demande à tout.es ces interprètes de "changer de direction" rapidement et que nous suivons avec beaucoup de plaisir. Pour ces jeunes à qui il reste encore un an de formation, je serai fort curieux et très heureux d'en découvrir leurs prochains pas à l'école, mais aussi dans le monde professionnel.
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