Je me répète peut-être, d'autres diraient sûrement, mais mes pas explorent parfois des univers singuliers et lorsque ces derniers m'ont amené jusqu'au MAI en ce jeudi soir, pour assister à "rock bottom", je ne le savais pas encore. Quoique d'Émile Pineault, j'avais vu ses précédentes propositions au La Chapelle, "More-Than-Things" (en septembre 2020 ) et aussi, juste avant le début de la pandémie (en mars 2020) au Short & Sweet recyclé XXL du CCOV. Dans mon retour sur ces deux rencontres, le mot "audacieux" revenaient, j'aurais dû avoir la puce à l'oreille.
À mon arrivée quelque peu "hâtive", le café est assez tranquille et peu à peu, il se remplit de gens dont plusieurs du monde de la danse. Plus que je ne l'aurais pensé pour l'oeuvre, étiquetée "performance" d'Émile Pineault et Gabriel Cholette. Quelques minutes avant l'ouverture des portes, je me place près de la porte pour pouvoir prendre place dans "mon" siège en première rangée.
Tirée du site du MAIPause
Ne riez pas, mais une fois tous les spectateurs en place dans une salle presque toute remplie, le siège à côté de moi, restera libre !
Fin de la pause
Bien assis, j'examine ce qui se trouve devant moi et je découvre un tapis mauve, un chien en peluche, un écran de télévision, des bidules qui ont toutes les allures de vibrateur, et aussi une grosse pierre lumineuse, sans oublier des néons éteints. En mode attente, j'entends d'abord des bruits de frottement de plus en plus forts, pour ensuite en découvrir l'origine, soit lui qui est responsable de ces sons. Une fois, arrivé sur place devant nous, il nous accueille et nous explique pourquoi, il nous parle en langue anglaise, lui qui est francophone. Il s'en suit un parcours sensoriel, une exploration de son moi intérieur avec une "entrée" inhabituelle. Cette exploration de sensations, il nous demande pendant quelques instants de la partager avec lui. Ce que je ferai ! Et le tout se poursuit et je découvre peu à peu le "sens" et le titre de la proposition. Moi, peu sinon pas familier avec le milieu queer, le sens du mot "bottom", m'apparait "clairement" ! Et lorsque le tout se termine sur un tableau fort bien réussi, durant lequel ces vibrateurs se déplacent sur le tapis, laissant une trace de leur passage, comme ce que je viens de découvrir ! Peut-être pas prévu, mais un de ces vibrateurs s'échappe et reste bien audible, une fois le tout terminé derrière un écran de fumée !
Encore une fois, Émile Pineault, avec Gabriel Cholette, m'ont entraîné à leur suite dans une proposition sensorielle et audacieuse, autant par le sujet que par la façon de l'aborder. J'ai pu explorer un univers que je ne connais pas avec lui qui me guidait. Il l'a fait avec toute son honnêteté et sincérité, ça je l'ai ressenti fortement, comme si le personnage sur scène n'était pas un personnage.
Profitant de l'invitation, j'ai assisté, le lendemain de la présentation, à une rencontre "Zoom" avec les artisans de l'oeuvre et deux intervenant.es de RÉZO "qui est un organisme communautaire sans but lucratif montréalais actif depuis 1991 auprès des hommes gais ou bisexuels, et hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes (HARSAH), qu'ils soient cis ou trans. RÉZO développe et coordonne des activités d'éducation et de prévention du VIH et des autres ITSS dans un contexte de promotion de la santé sexuelle et offre des activités d'éducation et de promotion de la santé mentale, physique et sociale." C'est durant ces moments que j'ai pu mieux comprendre l'origine et les objectifs de cette proposition. Proposition fort riche de sa perspective personnelle, mais aussi et surtout par le territoire "humain" qu'elle m'a permis de mieux comprendre.
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