Lorsque mes pas se sont dirigés jusqu'à l'Espace orange du Wilder pour découvrir la plus récente création de Caroline Laurin-Beaucage, je n'en étais pas à une première rencontre avec cette chorégraphe. Au contraire même, je dirais même qu'elle est l'une des chorégraphes dont j'ai pu apprécier le plus souvent les propositions. À titre d'exemple, j'ai assisté quatre fois à "Ground", dont trois fois à l'extérieur, qui nous proposait les gestes et les rebondissements de cinq interprètes "confinés" sur leur trempoline ! Il y a eu aussi les deux fois où j'ai pu la voir "confinée dans son cube avec "Habiter sa mémoire". Pendant que elle évoluait, moi j'étais captivé. Elle en a proposé une version "élargie" pour plusieurs interprètes sur l'Esplanade de la Place des Arts dont j'ai pu apprécier une partie de cette longue présentation. J'ai aussi pu découvrir, à plusieurs occasions, ses créations avec les étudiantes de département de danse de l'UQAM.
C'est donc encore une fois, fort intéressé que j'étais sur "mon" siège en première rangée dans la salle de présentation, qui avait, pour l'occasion des estrades de part et d'autre de ces deux vivariums (bassins transparents déposés sur scène) qui seront le lieu de performances de deux interprètes (Léonie Bélanger et Simon Renaud) qui sont déjà présents à notre arrivée en salle.
Pause
La discussion d'après représentation, dirigée par Fabienne Cabado, avec les artisans de cette oeuvre dont le concepteur de ces vivariums, Samuel Thériault est fort riche en informations. J'y apprendrai, entre autre, les enjeux techniques de concevoir une proposition avec des contenants d'eau et pourquoi ils ne sont pas à la même hauteur !
Fin de la pause
Tout le temps que la salle se remplissent de spectateurs ou "d'observateurs", leur regard est vide et leur présence est flottante, sans qu'aucune trace d'eau ne soit présente, pour l'instant !
Crédit: Frédéric Veilleux tirée du site de l'Agora de la danseSans avertissement formel, sinon la fermeture des portes, le tout débute tout en douceur avec l'éclairage tout aussi discret qu'efficace qui capte mon attention. Et débute ainsi leur relation qui, je le ressens, est "à distance", au sens physique et cérébral du terme. Peu à peu, l'eau, par le bas, s'introduit qui de ma perspective, semble amener une vie différente à ces deux êtres qui, dans ce qui suivra, produira différentes relations interactives, malgré leur immersion aqueuse graduelle dans leurs solitudes. J'en ressens parfois un désespoir "éclaboussant" et aussi des actions avec l'espace dont nous disposons. Situé presqu'entre les deux, mon regard fait l'aller-retour dans leur relation "à distance" pendant que l'eau remplit peu à peu leurs espaces, constatant que les gestes peuvent se faire en phase malgré la distance qui les sépare. Il y a dans ce que je voie et les états de corps proposés tout l'espace pour y faire mon interprétation de leur relation, comme pour un poème. Et mon interprétation évolue tout au long jusqu'aux moments de leurs immersions intermittentes et la fin de la proposition.
Il me semble que les espaces restreints sont pour cette chorégraphe un milieu fertile pour concentrer son inspiration et riche pour nous, spectateurs. Et comme il m'arrive de plus en plus souvent, je souhaite la revoir parce leurs histoires pourront se décliner différemment, selon mon état du moment.
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