Lorsque mes pas se sont dirigés, en ce lundi après-midi, jusqu'au LAB Parbleux sur la rue Casgrain, ils étaient mes premiers de nombreux autres pas à venir, pour cette journée et pour cette semaine aussi, et cela sans compter mes pas de course. Une fois arrivé, je monte au deuxième étage dans le hall d'entrée en attente avec bien d'autres (la salle sera éventuellement remplie à capacité) pour assister à la nouvelle version de "un-nevering" de Thea Patterson accompagnée à l'interprétation par Rachel Harris et Elinor Fueter.
Les mots d'accueil transmis, nous sommes invité.es à entrer dans le lieu de présentation dans lequel se trouve une imposante colonne avec de part et d'autres un endroit pour prendre place. Une fois le temps, fort rapide, mais avisé, pour évaluer le lieu, je trouve ma place sur un coussin à terre du côté gauche (choix qui s'avérera très bien pour la suite !). Tout au fond, je découvre bon nombre d'accessoires, dont de grosses cordes avec des poulies au plafond, de nombreuses tuiles en bois dispersées dans l'arrière droit de l'espace scénique ainsi que les trois interprètes.
Crédit : Kimura Byol tirée du site de l'évènement du OFFTA.Pause
J'avais pu assister à une première version de cette oeuvre lors de la troisième édition du "Signal Vibrant: Ceremony for the dead" en octobre dernier, présentée au CCOV ! J'avais écrit à l'époque, suite à sa présentation, "Elle nous présente une proposition touchante à propos de l'être cher absent, empreinte de nostalgie. J'y vois le chemin vers la rencontre des souvenirs de celui qui est parti !". Hasard ou non, dans le même programme Rachel Harris présentait aussi un hommage à son père récemment décédé !
Fin de la pause
Le lieu bien rempli, le silence se fait et Thea Patterson nous présente l'origine de cette création, toujours en cours de développement, créé dans le terreau "fertile" du décès récent (août 2021) par homicide non résolu de son partenaire de vie et collaborateur, Jeremy Gordaneer. Je ressens les émotions dans sa voix avant d'entreprendre les moments à venir pour tenter de répondre à la question inscrite en début de présentation de l'oeuvre sur le site du OFFTA, soit "À travers l’écart (in)fini que crée la perte, comment peut-on être ensemble même lorsque nous ne le sommes pas?"
Et puis dans ce qui suivra, je découvre cette corde que l'on tire pour laisser échapper à tour de rôle trois boules noires asymétriques dont le parcours s'étirent avec des détours inattendues et dont une vient tout proche de moi. De ces tuiles aussi, qui comme les souvenirs plus ou moins épars qui en toute fin de présentation servira de liens entre les interprètes et de nombreux spectateurs qui acceptent de se joindre à elles. D'autres images fortes aussi, émergent pour moi de ces moments dont ceux durant lesquels, elle (Elinor Fueter) revêt "ses pensées noires" avec au bout, deux boulets (quel symbole fort !!!) qui, malgré tout, montrent qu'ils faut néanmoins continuer. Aussi, autre tableau fort, enchevêtrées dans ces cordes comme dans ces souvenirs, c'est ensemble reliées aux mêmes cordes que le processus de libération peut s'avérer guérisseur ou à tout le moins atténuer la douleur de la perte.
Un sens émerge en moi tout au long de cette proposition, soit celui qui fait que une fois la conscience de la fragilité des choses de notre vie faite, la vie doit reprendre et c'est en reconstruisant ensemble, d'abord à petite échelle jusqu'à à la plus grande que le chemin peut se poursuivre pour ceux et celles qui restent.
Portée par ces trois femmes, cette proposition recèle de fort beaux et très riches symboles, fort bien utilisés, qui me permet de suivre Thea Patterson dans son parcours de survivante. De cette deuxième étape de travail, je me promets de découvrir le résultat final de son parcours créatif.
C'est avec en tête ces moments partagés, que mes pas m'amènent au prochain rendez-vous de la soirée au FTA.
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