Petit espace qui se fait à mon agenda, voilà une belle occasion pour me diriger jusqu'à Circuit-Est pour découvrir "Suites perméables" d'Emmanuel Jouthe. Je dois avouer que je connais peu les oeuvres de ce chorégraphe, sinon une prestation, il y a longtemps, de "Écoute pour voir" dans le cadre de Microclimats présenté au FTA de 2009. Une oeuvre qui est un tête-à-tête chorégraphique entre un interprète et un spectateur reliés par des écouteurs à un lecteur de cassette (il me semble !). Celle qui avait été en face de moi, c'était Marilyne St-Sauveur. C'était ma première expérience de proximité et je me rappelle encore des grands yeux de cette interprète pour découvrir ma réaction (de ravissement) à la fin de ce moment.
J'étais curieux, parce que la première et la seule impression que j'avais eu avait été très bonne. Cette fois, d'une facture différente, le chorégraphe propose néanmoins une oeuvre de grande proximité pour une trentaine de personnes qui a un aspect intéressant pour l'amateur de la première rangée que je suis. Pour bien comprendre, comment se ressent, j'ai bien écrit ressent, mais j'aurais pu écrire vivre l'oeuvre comme spectateur, il faut présenter la disposition des lieux. Il y a une rangée de chaisesqui tout à coup change de direction à quatre-vingt-dix degrés. Juste devant, à environ six pieds une toile blanche en arrière-scène. C'est sur cette petite "scène" en équerre que se déplaceront les six interprètes (Élise Bergeron, Frédéric Gagnon, Nicolas Labelle, Eve Lalonde, Philippe Poirier et Maryline St-Sauveur que j'ai retrouvé avec plaisir). Le tout durera une quarantaine de minutes durant lesquelles le terme perméables prend tout son sens, parce que la "frontière" entre spectateur et interprètes laisse tout passer, le quatrième mur est une pure abstraction.
Photo de Vanessa Forget tiré du site de la compagnie
Nous serons interpellés par le regard, nous serons approchés proche, très proche et même touchés avec subtilité et délicatesse, rien d'inconfortable. J'ai senti les pulsations cardiaques de l'un, j'ai vu les sueurs qui perlaient sur le front de l'autre ainsi que j'ai entendu les confidences d'une troisième sur sa grand-mère. Le tout se développe peu à peu, nous laissant apprivoiser ces rapprochements et est supporté par des mouvements qui sont parfois juste là près de nous, sinon plus loin.
Présentée pour susciter sa diffusion, elle le mérite d'être découverte par le plus grand nombre. Emmanuel Jouthe démontre que par l'intimité, il est possible de faire entrer les spectateurs " dans la danse". C'est avec un très grand plaisir que j'y retournerais et que j'y amènerais un ou des "amis".
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