Comme la vie peut m'en réserver de façon imprévue, une éclaircie s'est présentée dans mon agenda de week-end et par conséquent, j'ai fait ni une ni deux et mes pas fort joyeux se sont dirigés, avec ma nouvelle acquisition (un sac de Passerelle 840 ) jusqu'au 840 rue Cherrier pour découvrir les cinq propositions de la soirée du collectif 842. Moi, celui qui aime arriver "un peu" à l'avance, je trouve un hall d'entrée déjà fort bien garni en spectateurs. Les moments qui suivent avant notre entrée en salle ne verront que le lieu se remplir pour, selon mon estimation, faire salle "très" comble pour cette soirée !
Tirée du site du département de danse de l'UQAMPause
Avec autant de gens, je ne peux m'empêcher de penser qu'il faudra peut-être penser, un de ces jours, monter l'escalier et présenter les propositions dans le plus grand espace. Ce qui est, de ma perspective, un heureux problème !
Fin de la pause
Une fois les mots d'accueil d'usage prodigués des marches de l'escalier, nous sommes invités à entrer par une autre porte, celle de l'arrière scène avec les indications suivantes. Nous pourrons nous déplacer dans l'espace scénique pour découvrir "Une fissure dans le mur" de Naomie Charette jusqu'aux notes musicales qui nous indiqueront la fin de la présentation. Arrivant en dernier ou presque en salle, je travaille fort pour distinguer les interprètes des spectateurs. Il y a un heureux mélange de tout ce monde dans cet espace que le quatrième mur ne semble pas séparer. Mais peu à peu, un certain équilibre s'établit et moi, je commence à m'y retrouver, tout cartésien que je suis. Peu mobile de nature, je trouve ma place pour bien observer l'ensemble et je découvre de proche ou de loin ces interprètes présents (dont Audrey Roy, Catrine Rouleau, Lou-Anne Rousseau et Marie Lamothe-Simon) dans la place. Ils le font d'abord et surtout en solo et ensuite en duo. Avec tout proches d'elles, une oeuvre sur "papier" de Gabrielle Moreau. Il y a aussi celle sur ce bloc qui m'a toutes les allures d'être le point central de la proposition et qui deviendra le point d'intérêt de tout.es lorsqu'elle se met à chanter. Phénomène intéressant, si au début tout l'espace était partagé, peu à peu le milieu est devenu l'endroit des interprètes et les bords pour les spectateurs, comme si le quatrième mur, sans crier gare était venu prendre place tout doucement!
Pour la prochaine proposition, "Petite hypoxie" de et avec Marie-Anne Rahimi et Fanny Bélanger-Poulin, nous sommes invités à prendre place à l'endroit habituel, soit sur un siège au fond avec devant nous l'espace scénique. Sur cet espace, sera installé en monticule deux bâches de plastique, l'une blanche et l'autre bleue. Et c'est autour de ces bâches, objets polymorphiques que les corps évolueront et qui aussi s'adresseront à nous avec le texte de Gabrielle Blain-Rochat. De ma perspective, il en va de ces mouvements et de ces paroles, comme il en va de notre vie. Avec des moments variables telle qu'une petite hypoxie (situation où la disponibilité de l'oxygène est réduite) avec un tableau durant lequel, une des deux est complètement enfouie dans la toile bleue, mais que l'autre vient à son aide. Une proposition poétique qui laisse plein de place aux mots et à notre imaginaire !
Et puis, encore une fois, nous sommes invités à nous déplacer pour nous rapprocher du fond de l'espace pour pouvoir découvrir la projection de "Es-tu là ?" de Juliette Beaudoin (chorégraphie et idéation) et Anthony Fréchette (réalisation et idéation). Une fois, ce corps libéré, il évoluera à l'intérieur et à l'extérieur (dans un immense champs tout de blanc vêtu !). Une fois, interpellé (es-tu là ?), je réponds oui et je reste tout captivé par cette femme qui, une fois libérée, semble rayonner, malgré les entraves qui parfois la retiennent.
Et, "surprise", du même endroit nous voyons l'installation de ce sofa d'une ampoule suspendue (fort importante le moment venu) et des bouteilles vides (sauf une ?) pour "My mind is where it hurts" de et avec Monica Navarro. Des moments comme il était annoncé, soit, "Assise toute seule dans mon salon, ne me regardez pas. Ne m’écoutez pas. Je suis sans son. Muté. Bouche fermée, dans l’intimité de mon chez moi. On me regarde, bouche serrée. Validez-moi." Mais nous, de son désarroi évident et de son errance dans ce lieu, nous ne pouvons être que des témoins impuissants. Lorsque de la bouteille, la dernière gorgée est soutirée, moi je me sens rendu tout au fond sans espoir ! Ouf !!!!
Pour la dernière oeuvre de la soirée, nous devrons encore nous déplacer pour prendre place sur le côté de l'espace pour "Parcelles d'eux" de Lola Thirard avec Fanny Bélanger-Poulin, Camille Courchesne-Couturier et Jacynthe Desjardins. Le tout débute avec elle qui dans cet espace coloré de rouge et de bleu ou vert (ouf, ma mémoire !!!) et puis arrivent les deux autres qui par leurs mouvements et leurs paroles entamées et répétées, nous présentent, ce qui me semble, des fragments d'elles. Ce qui me captive le plus, ce sont leurs mouvements comme si des volutes colorées se déplaçaient là devant moi, laissant derrière des trainées de paroles ! De cette pure abstraction, elles nous dévoilent des pans intimes d'elle-même. Et c'est sur l'ultime déplacement d'une d'elle, les autres ayant déjà quitté que ces moments de confession se terminent, tout comme la soirée de présentation.
Acceptant avec grand plaisir de rester pour la période d'échanges, fort riche, j'ai eu le plaisir de poser ma question qui m'a néanmoins laissé sur le seuil de ce que, plus tard, j'ai réalisé que j'aurais vraiment voulu savoir. Et juste pour vous, voici ma question posée et celle qui aurait dû l'être. Cinq propositions qui alliaient mouvements et paroles (dites ou chantées), est-ce un hasard ? La réponse est bien évidemment non, le comité de Passerelle 840 ayant décidé de regrouper ces oeuvres. Et la question vraiment intéressante et qui aurait été adressée aux cinq chorégraphes, "en quoi les mots ont été importants pour vous dans la création et la présentation de votre proposition ? Mais bon, ainsi va la vie avec ses zones d'ombres que le spectateur n'a pas su, au bon moment, tenter d'éclairer !
Et moi, je reviens néanmoins fort heureux et comblé après ces rencontres riches qui m'ont amené dans des univers très intimes et tellement variées.
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