Depuis ma première rencontre avec une oeuvre de Hugo Fréjabise et de sa compagnie Joussour Théâtre dans un espace public extérieur, en juillet 2021, je découvre assidument les propositions de cet auteur ! Cette fois, c'est dans la salle Jean-Claude-Germain du Centre du Théâtre d’Aujourd’hui que je découvrirai sa plus récente création, "Équinoxe", interprétée par Stéphanie Arav, Esther Augustine, Roxane Azzaria, Marion Bajot, Louis Carrière, Sarah Cavalli Pernod, Jonathan Massové Guerville, Sara Naïm, Anna Sanchez, Pierre-Alexis St-Georges, Jean-Luc Terriault, Hanna Zeïda dont plusieurs que je revoyais avec plaisir. C'est néanmoins, la première fois que j'assisterais à la présentation d'une de ses créations dans un lieu "classique" ! Et ça sera bien assis sur mon siège "en première rangée" de cette salle toute intime, que je prendrai place.
Affiche de la pièce tirée du site du Centre du Théâtre d'Aujourd'hui
À l'ouverture de la porte, nous montons tout en haut et lorsque je prends place, devant moi, deux femmes étendues sur un transat pendant qu'une musique d'ambiance se fait entendre dans une atmosphère indolente, symbole de nos vies en territoires paisibles (?). Une fois les gens en place et la porte fermée, nous serons témoins de leurs échanges sur différents sujets, faits en langue française et en langue arabe. De ces moments, je ne conserve aucun souvenir des propos, sinon la nonchalance du moment !
Et puis, "ce prologue" se termine pour laisser place au "plat principal" de la soirée, celle de la rencontre des membres d'une troupe de théâtre dans le chalet, loin de la ville, "convoqués" par le "leader" du groupe. Après les retrouvailles, ils et elles sont convié,es par leur "leader" à participer à un projet inusité et audacieux, soit de faire du théâtre invisible dans un lieu réel (à l'image d'une proposition précédente "HÔTEL-PROMONTOIRE" (Chambre avec une vue sur le chaos), présentée dans un lieu public). Pas n'importe lequel, un haut lieu de notre nation pour y faire un coup d'état !
Dans ce qui suivra, moi, ce que j'en retiens ce sont les échanges fort riches et animés avec la diversité des perspectives sur cet objectif surprenant et audacieux. Chacun.e doit prendre position et, moi, sans toujours bien suivre les subtilités du fil conducteur de l'oeuvre, la "vibe" de ces moments intenses et la qualité du texte, moi, je les ressens bien. Les échanges sont "arrosés" par la consommation de nombreuses consommations d'alcool (de liquide rouge à tout le moins !). Accepter cette mission théâtrale périlleuse au résultat incertain et tenter d'aller jusqu'au bout ne sera pas le lot de tout.es et le groupe se scinde. Fin de la première partie !
Pause
Ceux et celles qui comme moi restent dans la salle sont invité.es à descendre jusqu'au hall d'entrée pour découvrir les échanges du groupe des dissendant.es. Voilà bien la marque de commerce de Hugo Fréjabise qui apprécie utiliser des lieux "publics" pour camper son action théâtrale. Dans le hall donc, au menu, échanges, tractations et aussi une prestation chantée, fort impressionnante, surtout si comme moi, vous juste à côté, de Sarah Cavalli Pernod (mon coup de coeur de la soirée !). La décision se prend et nous sommes invité.es à retourner en salle pour découvrir la suite.
Fin de la pause
Il s'en suit une deuxième partie surprenante avec un retour des "démissionnaires" qui l'est tout autant. Une fois les masques "tombés", la difficile réconciliation du groupe se fait avec des pas incertains, jusqu'à la conclusion dont je ne veux pas donner de détails.
Et comme postscriptum, la toile se déroule avec le témoignage d'un palestinien sur les évènements qui précédaient ceux qui occupent actuellement notre actualité. Les images sont troublantes et compte-tenu de ce qui se vit actuellement dans la Bande de Gaza, difficile de ne pas être troublé. Quand on parle de la synchronicité des évènements réels et culturels, difficile de trouver un meilleur exemple !
Il est rendu tard lorsque nous quittons le théâtre (la pièce dure plus de trois heures !), marchant sur la rue St-Denis fort active en ce vendredi soir, loin de la réalité de ce que nous venons de découvrir sur scène, encore plus loin de ce qui se passe dans un point chaud de notre planète ! Et aussi à la réflexion de l'auteur, "Équinoxe pose la question centrale du groupe dans cette histoire de faire du théâtre, le groupe comme possibilité de l’art et comme possibilité politique de l’art. Parce que si le théâtre n’est pas essentiellement politique, s’il n’est pas fondamentalement polémique et d’abord une révolte, pourquoi parler encore de théâtre ?" Merci Hugo et à la prochaine !
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