Lorsque je me suis rendu découvrir "Mobilier mental" de Michel F. Côté et Catherine Tardif à Tangente, je n'avais rien lu et de leurs oeuvres précédentes rien vu. "Partir à l'aveugle", c'est aussi ce que doivent faire les interprètes durant le temps qu'ils passent devant nous. Et vous, vous voulez être éclairés sur ce très bon moment que j'ai passé, n'est-ce pas ? En voici donc quelques éléments qui ne gâcheraient pas votre plaisir, si comme moi, vos pas vous amènent dans les prochains jours au Monument National ou dans l'avenir si l'oeuvre revenait à l'affiche (et j'y retournerais, certainement).
Magali Stoll, interprète dans le divan © Tiari Kese
Il y a nous assis sur notre siège et il y a les neuf interprètes d'expérience, pas tous danseurs ou danseuses (Marie-Claire Forté, Peter Trosztmer, Alanna Kraaijeveld, Magali Stoll, Catherine Tardif, Manuel Roque, Guy Trifiro, Alexander MacSween et Michel F. Côté) sur le côté de la scène, assis aussi pour débuter. Il y un maître du jeu ("ring master", dixit Michel F. Côté qui en joue le rôle) d'un côté et de l'autre les huit braves. Ces derniers devront à tour de rôle découvrir une image, imaginer un court moment de danse, choisir ou non des complices,et si oui, leurs transmettre assez vite ses indications. Un fois prêts, la musique choisie par le maître du jeu s'invite dans la danse (sans être annoncée) et le plaisir commence.
Petite digression ici ; lors de la discussion d'après représentation, il a été mentionné par un spectateur que le plaisir semblait surtout du côté des interprètes, tandis qu'un autre, avait l'opinion tout à fait inverse. Moi, je ne saurais dire pour les interprètes, mais moi j'ai eu du plaisir. Fin de la digression.
Une fois le tout terminé, l'image, cristallite des gestes et du court moment (moins de trois minutes) nous apparait à tous.
C'est donc en trois fines couches temporelles et successives que l'oeuvre nous est présentée. Il y a d'abord, l'espression faciale de l'interprète face à l'image qu'il découvre, moment d'inspiration ou de désespération. C'est à ce moment que le titre de ce spectacle prend tout son sens, parce que le "Mobilier mental" des improvisatrices/teurs, nous l'imaginons et même nous le voyons se déplacer dansleur tête et souvent pas qu'un peu.
Ensuite, les mouvements prennent place et moi, je tente parfois d'imaginer l'image. Impossible de ne pas apprécier leur complicité et surtout la qualité et l'audace des propositions spontanées. Il y a Catherine Tardif qui se plante juste là, face à face devant certains spectateurs, Peter Troztmer tout désespéré et qui se faufile partout (même sous ma chaise !) et Alanna Kraaijeveld qui s'abandonne aux soins parfois hésitants des autres.
Enfin, l'image nous est révélée et pour peu que l'on soit observateur produit sur scène comme dans la salle des réactions parfois assez fortes.
Toute cela pendant un peu plus d'une heure. Il y a bien quelques règles du jeu et quelques variantes, mais nous les maîtrisons assez vite. Le tout étant repris à la prochaine représentation avec de nouvelles images. On efface tout et on recommence.
Toujours avec moi ? De ces moments d'improvisation dansés, un aspect m'a particulièrement plu. En général, lorsque l'improvisation s'invite dans une salle de spectacle, il y aussi l'aspect compétitif et le choix du public pour désigner un gagnant. Pour "Mobilier mental", rien de cela et c'est bien tant mieux, en ce qui me concerne.
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