vendredi 3 juin 2022

Sur mes pas au FTA: Retour sur une première semaine fort éclatée et éclatante.

En cette semaine presqu'estivale, j'avais quatre oeuvres à l'agenda pour mon FTA. Quatre propositions qui m'ont amené dans des univers singuliers, pas toujours faciles à suivre, mais qui ne m'ont jamais fait perdre mon intérêt.


Ça commencé au La Chapelle, avec "High Bed Lower Castle"  de et avec Ellen Furey et Malik Nashad Sharpe. J'étais averti, une phrase du programme résumait le tout, "Évacuez vos attentes, visez les projections". Dès le départ, deux êtres tout sombres, apparaissent dans le fond de la salle. De leur déplacements, j'y vois des traces que l'on fait, des traces que l'on ne fait pas, mais pour les uns ou les autres, que l'on suit. Le tout prend une tournure d'abord cérémonial et ensuite initiatique et lumineux lorsque ce coffre est ouvert. Les deux personnages évoluent, se métamorphosent en différentes incarnations que je suis attentivement. Ayant suivi scrupuleusement le conseil donné, les projections se sont faits en moi tout au long de ce conte moderne! Ce qui m'a permis d'avoir une autre belle soirée au FTA !

Ma deuxième soirée avec un programme double a débuté à l'Usine C pour assister à "Lavagem" de la chorégraphe brésilienne Alice Ripoll. Lorsque nous sommes invités à prendre place dans la salle, nous pourrons découvrir des sièges des quatre côtés de l'espace scénique. Il y a des chaudières rouges avec de l'eau. Serons nous à l'abri des éclaboussures si proches ? Cette réponse, je la garde pour moi, mais ce que je peux dire, c'est eau pas eau, les ondes de toutes natures se sont propagés allègrement dans ce qui allait suivre. 

Le moment arrive et les lumières s'éteignent pour laisser place à un grondement humain intense pour ensuite se traduire par l'apparition d'une toile bleue tout en boule qui contient les six interprètes qui nous apparaissent. La suite se présentent dans différents tableaux durant lesquels l'eau et les corps, tout comme la mousse produite font bon ménage. Le tout est présenté de façon fort ordonnée et méthodique, même si cela ne le parait pas tout le temps. Un tableau fort, selon moi, est celui durant lequel ces corps s'assemblent pour créer des structures humaines à travers lesquelles, s'insèrent et s'expulsent, sans friction un corps ou deux corps. Je suis fasciné de les voir dans une apparente improvisation, mais pour peu que l'on soit observateur, demande une rigueur d'exécution évidente. Une proposition audacieuse et surprenante qui m'a fait sortir de mes sentiers habituels comme le FTA peut le faire.

Dès la fin des applaudissements, mes pas me portent rapidement plusieurs rues plus loin, jusqu'au Wilder à la Salle Rouge pour découvrir la plus récente création de Catherine Gaudet, "Les jolies choses". En toute efficacité de déplacement, je me retrouve dans les premiers dans la file, merci chers pas ! Cette proposition, je l'anticipais, devrait être un de mes moments forts de cette édition du FTA et elle le fût ! Pourquoi , vous me demanderez, peut-être ? D'abord, cette chorégraphe que je suis depuis un bon bout de temps, j'en apprécie chaque proposition et aussi à cause des commentaires entendus qui  étaient fort positifs. En cette soirée de dernière, le début a tardé, le temps que ceux et celles qui étaient sur la liste d'attente, prennent place sur les sièges encore disponibles.

Et une fois le moment arrivé, émergent du noir, cinq êtres (Francis Ducharme, Caroline Gravel, James Phillips, Scott McCabe et Lauren Semeschuk) immobiles ! Et puis, nous apparait le mouvement subtil de l'une qui se propage aux autres. La suite a tout de moments métaphysiques, de la mécanique quantique qui sans sens apparent, intriguent et captivent. Pendant toute la durée de ce "périple", les corps me semblent comme déshumanisés. Il en reste que de leurs efforts incessants, nous serions presque convaincus qu'ils ne sont pas humains si ce n'était de la sueur qui apparait peu à peu sur leur maillot, bien visible de "mon" siège en première rangée.

De ces déplacements en apparence fort simples, il s'en dégage une énergie irradiante qui me captive. Le tout passe si vite que lorsque le tout se termine, il me faudra revenir "sur terre", pour laisser place à mes  applaudissements enthousiastes et bien mérités. Je me fais une promesse, cette oeuvre, je la reverrai !

Et comme dernière sortie de cette semaine, mes pas m'amènent dans un lieu peu familier pour y découvrir de la danse, soit la Salle polyvalente de l'UQAM, sur Sherbrooke, pour découvrir "Make Banana Cry" d'Andrew Tay et Stephen Thompson, accompagnés sur "scène" par Francesca Chudnoff, Hanako Hoshimi-Caines, Cynthia Koppe, Sehyoung Lee. Fidèle à mes habitudes, je serai un des premiers à entrer dans la salle, une fois que mes chaussures soient recouverts de "couvre-chaussures" tout aussi mauves que couvrants ! À mon entrée, je suis invité à visiter le lieu et les exhibits exposés, tout autour du "cat walk". C'est ce que je ferai, une fois "ma" place choisie. Une fois les sièges occupés et les mots d'accueil dits, les lumières s'éteignent. Et de cette obscurité, nous arrivent ces corps tout camouflés qui arriveront et partiront. Avec une intrigante évolution, ces corps anonymes se dévoilent peu à peu et nous révèlent une vaste gamme de diversité fort riche et irradiante. Comme il est possible de le lire sur le site du FTA Stephen Thompson indiquait que "Nous jouons consciemment sur l’idée que le public vient voir quelque chose d’exotique en renversant les attentes et les codes habituels." Et à voir ces personnages défiler et parfois même s'arrêter devant moi, je suis fasciné ! Et lorsqu'arrive le dernier tableau, riche de son presque immobilisme, après tant de mouvements, je suis quelque peu déstabilisé. Malgré tout, mes sens sont en éveil guettant les moindres déplacements de chacun.e sauf une, il me semble absente du tableau final et des applaudissements qui ont suivi. 

Lorsque mes pas me ramènent à la maison, je me fais le bilan de cette première semaine de FTA pour en arriver au constat que cela fait bien longtemps que je n'ai pas en si peu de temps passé dans autant d'univers si différents. Et le spectateur en est fort heureux et surtout, satisfait !

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