Lorsque mes pas m'amènent jusqu'au 840 rue Cherrier, c'est deux semaines après la soirée avec le groupe de deuxième année du BAC, mais si on se fie aux humeurs de mère Nature, c'était comme si l'été était arrivé avec son 20 degré sans que le printemps n'ait pris son tour ! Il en reste qu'au deuxième étage, à la porte de la salle, plein de gens sont présents pour assister à "Que des cendres" composé des deux propositions des finissantes, soit "Immatériel" de Jeannne Tétreault en collaboration des interprètes, Estelle Beaulieu, Adrianne Bélanger, Elisa Martin, Audrey Mercier et Lucca Bella Stothers, ainsi que "Les écrits sur mon corps/Le feu dans mon coeur" de Melina Pires en collaboration des interprètes, Camille Gendron, Monica Navarro et Sarah Germain.
Affiche de la soirée tirée du site du département de danse de l'UQAMMoi qui assiste assidument aux propositions de ces élèves autant dans leurs spectacles de fin de session ou d'année tout comme lors des différentes éditions de Passerelles 840, je suis bien curieux et intéressé de découvrir ce qui me sera présenté. Après une attente un peu plus longue pour mettre à celles et ceux retardé.es par l'arrêt de service de la ligne verte du métro d'arriver, nous sommes invités à entrer dans la salle, après avoir été informé que la présentation sera en deux temps avec une première partie "en mode traditionnel" (moi, en première rangée), tandis que pour la deuxième partie, nous devrons enlever nos chaussures pour prendre place autour de l'espace scénique.
Devant moi, en attente pour découvrir "Immatériel", je découvre dans l'espace des tas de vêtements et des accessoires aussi, dispersés dans tout l'espace scénique. S'y trouvent aussi quatre interprètes immobiles, deux à droite et deux à gauche avec une légère lumière verte qui éclaire l'arrière de l'espace. Le temps passe et naturellement le silence se fait jusqu'au moment où les lumières s'éteignent. Et là devant moi se déploie une réflexion d'un monde en ruine et en perte de contrôle, coloré de désespoir, dans lequel l'opulence passée (représentée par tous ces objets dispersés sur l'espace scénique) est bien présente ! Et lorsqu'elles mettent en mouvement, ce que je remarque en premier, ce sont les lunettes qu'elles portent et qui semblent représenter la perspective "d'aveuglement" de notre société face au défi qui se présente devant. Il y aura bien des moments, où la paire de lunettes est enlevée, mais qu'en est-il du résultat, sinon effort vain ? De leurs mouvements, fort éloquents, j'y découvre du désespoir de l'une et l'indifférence des autres. Et aussi les gestes pour sauver les apparences dans la routine, faite et refaite ! En résumé, le spectateur que je suis fait "ouf" !
Et puis sans crier gare, comme une fin du monde imprévisible, elles complètent la proposition et c'est sans avertissement que la transition pour la suite s'effectue. Et puis, en toute efficacité, les chaises pour certain.es sont apportées tout autour de l'espace scénique avec des coussins devant ces chaises pour les autres. Pour ma part, un pas devant, je trouve ma chaise dans ce lieu entouré d'un rideau noir. Et du silence, nous arrivent les pas qui s'expriment fort. De ces pas qui me rappellent ceux de la gigue contemporaine ( mais qui n'en était pas vraiment, comme me l'indiquait une des interprètes en fin de présentation), toutes les trois s'expriment fort (par leurs pas) tout en prenant possession de l'espace et de notre attention. Et en plus, elles nous regardent "droit dans les yeux !" Il y a ce bruit venant de derrière qui intrigue, mais qui trouve sa place dans la proposition, pour y ajouter une couche dimensionnelle ! Et autre couche aussi que celle que ce noir qu'elles se mettent sur elles (dans leur visage), les "écrits sur leur corps provenant du feu de leur coeur" !
S'il m'arrive que je me demande, ce qui se passe (?), il en reste de ce que je découvre devant moi, je suis captivé ! Et du sens à ce que je vois que je semble trouver et qui m'échappe aussitôt comme les volutes d'un parfum trouvent néanmoins leur place dans mon cerveau. Et devant moi, je découvre, ce qu'on le se met (cette suie noire), ce que l'on se donne, mais surtout ce qu'on se transmet. Le tout se termine fort doucement, ce qui me permet de revenir ici et maintenant.
Une fois, le tout terminé et les applaudissements fort bien mérités faits, je repars fort satisfait, parce que, voyez-vous, devant moi, m'a été présenté, encore cette année, des propositions fort riches autant en propos qu'en mouvements qui, moi vieillard en devenir, me fait espérer en l'avenir ! Merci à vous, finissantes, pour cette bouffée d'espoir et "good job" madame Desnoyers ! Au plaisir de vous revoir prochainement !
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