Contrairement à ce que certains croient, un spectateur de danse peut remplir son agenda de bonnes propositions en salle ou extérieure durant tout l'été. À preuve, pour ma troisième sortie de la semaine, mes pas m'ont porté jusqu'en Zome Homa, oups!!! jusqu'au ZH Festival dans la salle de présentation de la Maison de la culture Maisonneuve pour une première fois afin de découvrir le programme double, "Cessation Garden" et "Topo".
Début de soirée chanceux puisque les premières gouttes de pluie d'une forte averse ont débuté à mon entrée dans l'autobus et qu'à ma descente, le sol était fort humidifié, mais les nuages avaient déjà tout donné. Et la chance, accompagnée de plaisir, s'est poursuivie par la suite.
Dans une salle assez remplie, nous découvrons "Cessation Garden" de et avec Alaiah Schwartz et Guillaume Loslier-Pinard. De cette présentation d'une dizaine de minutes, j'en retiens que d'explorer un territoire artistique "situé dans les limbes, entre la vie et la mort", en utilisant "l'absurdité inhérente à la réalité" est une démarche fort délicate. Il y a sur la scène des plantes et une tête (avec son corps) dans des pots, y arrivera le promeneur sans vêtements, ni trop d'apparats, sinon son chapeau et son lourd sac. Nous sentons la catastrophe toute proche. Sur cette ligne mince, il me semble qu'il y manquait certains éléments ou trop de symboles déployés et pas assez de temps pour que je les suive. Il en reste que la démarche est audacieuse, demande une période d'acclimatation au spectateur et que la finale est risquée dans tous les sens du terme.
Après la pause, suit "Topo" d'Ariane Dessaulles avec Ariane Dubé-Lavigne, Laurence Dufour, Kim L. Rouchdy et Jeimy Oviedo, sans oublier l'importante contribution à la vidéo d'Émilie Allard.
D'Ariane Dessaulles, je me souviens encore de son "Struwwelpeter" (de l'allemand par Pierre l'ébourrifé). Pour moi, j'en retiens un personnage qui était au centre de son environnement avec tous les impératifs de joie, de peine et, surtout, de nombreuses contraintes dans lequel il devait évoluer.
Photo de Chloé Poirier-Sauvé
Pour "Topo", la chorégraphe poursuit dans la même veine avec "l'effet qu'ont les formes contenues au sein de la ville sur notre façon d'être et de nous mouvoir". Et cette fois, le personnage seul, laisse place à quatre jeunes femmes qui nous apparaîtront à tour de rôle, tissant "le fil invisible de leur destin" ou la carte topographique de leur monde, souvent sur le bout des pieds. Mais qu'elle est donc cette oeuvre collective à laquelle, elles travaillent? Les lumières de la salle encore allumées en début de présentation, s'éteindront pour mieux mettre en perspective la suite des choses que je qualifierais de poésie synthétique. Les différents tableaux se présentent à nous en deux tons. D'abord ceux dans lesquels les interprètes nous montrent des gestes saccadés et des déplacements linéaires comme la chorégraphe désire nous le montrer (selon le feuillet de la soirée),"explorant la trace des déplacements et nos rapports aux lieux", colorée par la géométrie inhérente à notre globe avec ses parallèles et ses méridiens. Les gestes des bras guident les intentions. Et ensuite, comme il arrive souvent , nous faisons partis des lieux et dans les tableaux durant lesquels les vidéos prennent possession de la scène, les interprètes deviennent des caméléons et sont partis prenantes des lieux. Le premier tableau "vidéo" est le plus réussi esthétiquement, mais pour moi, le deuxième est celui qui recèle une signification plus grande avec ces symboles géométriques (cercles et lignes) dont les liens se modifient constamment. Selon moi, il reste à travailler les transitions, mais sinon cette vision topographique polymorphique de notre présence sur terre atteint son but.
Ce projet encore en cours de création, se poursuivra et c'est à la Maison de la Culture du Plateau Mont-Royal que la prochaine étape sera montrée avec un rendez-vous en décembre 2017.
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