mercredi 13 avril 2022

Retour sur mes pas en danse: Des "Danses Buissonnières" tout en diversité et riches en promesses à venir !

 Je dois l'avouer, j'ai retenu mon souffle ! Oui, avec toutes ses annulations de spectacle (because COVID), j'espérais que mon billet pour la dernière soirée des Danses Buissonnières, je puisse l'utiliser. Et oui, trêve de suspense, tout s'est bien passé et une fois ouvertes les portes de l'Espace Vert, j'ai pris place dans "mon" siège en première rangée et découvrir devant moi, immobiles les deux interprètes (et chorégraphes) de "Théorie Popcorn", Pamela Aubé et Châtelaine Côté-Rioux. Et elles le resteront près de quinze minutes, le temps du début de leur prestation !

Crédit: Sandra Lynn Bélanger fournie par Tangente
Pause

Oui déjà, désolé ! Cette proposition je l'avais vu, il y a quelques années (novembre 2019) lors d'une Passerelle 840. Je relis mes mots de l'époque et j'ai bien hâte de découvrir comment le Popcorn a  "mûri" ! Voici le lien pour les intéressées !

Fin de la pause

Donc, dans cette "pièce", avec un sofa, un coffre, une téléphone sur un bloc de plexiglas, et sans oublier cet immense popcorn suspendu fort appétissant qui semble les surveiller. Peu à peu les "ondes" font activer les gestes, comme si les radiations "sonores" activaient tout doucement ces deux femmes. Je ressens l'imminence d'un drame face à leurs mouvements. Et peu à peu les gestes se font fort jusqu'à éclater ou s'éclater! Et puis le tout redevient calme, comme le repos du popcorn, une fois la porte du micro-onde ouverte ! Encore une fois, bien réussi l'éclatement du popcorn a été réussi !

Il s'en suit du changement de décor (qui pour peu que l'on s'y intéresse, a des allures d'une chorégraphie fort bien huilée ! Prend place au milieu de l'espace scénique, une chaise berçante en bois. Elle est toute seule, mais elle sera rejointe par lui, Matéo Chauchat (chorégraphe et interprète) qui a, à la main, un petit carillon à vent dont il active la musicalité toute douce. Ainsi débute, "Misérable" qui a tout d'un des descripteurs du programme, minimaliste. Mais peu à peu les gestes en lien avec cette chaise se font, une fois attaché le carillon à une des deux bandes incurvées. La relation acrobatique de lui avec cette chaise se termine avec une conclusion fort intéressante et surprenante qui me fait émettre un petit rire admiratif ! Comme quoi, leçon de vie, il faut faire attention à nos premières impressions !

Crédit: Denis Martin fournie par Tangente

Pour la troisième proposition de la soirée, tous les rideaux des côtés et de l'arrière de l'espace scénique passent du noir au blanc. Et puis arrivent quatre femmes (Madeleine Bellefeuille, Jasmine Bouchard, Cassandra Michaud, Camille Mougenot) aux pas affirmés qui prennent position au milieu de l'espace scénique. Ainsi débute "Overload" toute frontale de Justine Bellefeuille. Je n'avais lu à l'avance le propos dans le programme, mais ce n'était pas nécessaire. Il y a de l'affirmation dans l'air, et de mon siège, je le ressens fort et bien. Les gestes plus subtils au départ, laissent toute la place à ces regards fort affirmés qui m'attirent tels des aimants. Et puis tout se met en branle et le propos chorégraphique montre bien la rage que peuvent ressentir les femmes suite à des gestes d'harcèlement ! La "guerre" n'est pas terminée, mais les batailles se poursuivent !

                                             Crédit: Mariana Frandsen fournie par Tangente

Ainsi se termine la première partie de cette soirée fort diversifiée, mais qui jusqu'à maintenant m'ont montré trois propositions dans lesquelles, "les mouvements se sont faits bien patients !"

Une fois de retour à nos sièges, le contour de l'espace a repris sa couleur noire. Tout à coup, nous apparait d'en arrière du rideau latéral, Catherine Bellefleur (interprète et chorégraphe) pour débuter "First Layers".

                                           Crédit: Sandra Lynn Bélanger fournie par Tangente

Autre pause

Décidément Robert !!! Bon OK, mais c'est pour une bonne raison. Cette proposition je l'avais vu en préparation assez avancé, il y a deux semaines lors des "Bancs d'Essai" présentés par Circuit Est, Centre chorégraphique. En entrée de jeu, elle nous avait fait une demande que je n'avais pas divulgué dans mon texte précédent et que j'avais fort apprécié. Au début de cette soirée, elle ne l'a pas refait, mais moi intérieurement, je me la suis rappelé, et c'était, "une demande à porter attention à nos sensations intérieures durant la représentation !

Fin de l'autre et dernière pause, promis !

Elle se met là tout juste devant moi et elle nous regarde pendant que ses mains font l'examen de son corps. Tout au long de ce tableau, mon regard hésite et balance entre ses yeux fort présents et ses mains toutes actives. Et puis tout à coup, elle se dirige sous ce rond de lumière pour entreprendre une "ronde". Celui de son corps, dos au sol, qui tourne et qui tourne frénétiquement, comme pour aller au bout de soi en enlevant une couche après l'autre. Et une fois terminé, toute calme, elle revient au point de départ vide et remplie en même temps avec le même regard !

Pendant la pause, un "tissu" est installé par terre, seul objet scénique ! Et puis, sans avertissement, nous apparait une femme dans son costume d'Ève avec ses mains pour en cacher "certaines" parties. Elle semble être surprise d'être là avec des mimiques fort riches ! Voilà comment commence "« Mi » « Ma »" de et avec Mélissa Juillet. Elle découvre l'objet pour la "vêtir" et se dirige vers lu , pour peu à peu avec une maladresse fort bien maîtrisée et mimiques fort riches s'en revêtir et toute la recouvrir. Ce qui provoque de nombreux rires parmi les spectateurs. Par la suite, elle nous propose tout au long des déplacements, modulant le tissu par son corps dans l'espace scénique, une suite d'onomatopées du genre "les lilo alle le lilo !" qui tout riches de leur absurdité provoquent encore de nombreux rires fort sonores tout au long. 

                                            Crédit: Denis Martin fournie par Tangente


Tout au long de ces dix minutes, elle réussit à présenter une proposition alliant, danse, art clownesque, théâtre et chant aussi. Une belle découverte pour moi !

Le départ de l'espace scénique de Mélissa Juillet met "la table" (au propre comme au figuré !) pour la dernière oeuvre de la soirée, "Conjurer la (S)Cène" de Lila Geneix avec Adèle Morrissette et Alice Marroquin-Éthier. En effet, une très longue table nous est amenée par une femme au son des cloches qui résonnent pour annoncer le moment "solennel". Il y a l'autre qui apporte sur un plateau des verres à vin ou ordinaire. Les deux sont en talon haut !


Crédit: Sandra Lynn Bélanger fournie par Tangente

Dans ce qui suivra, de ma perspective, il y a une allégorie de la distribution de la richesse sur terre. Il y en a d'abord une répartition très inégale qui en plus n'est pas pour toutes et tous. Parce que si l'une d'elle est sur la table, l'autre est "évidemment" au dessous. Peut-être, il y aura un moment où les deux seront sur la table, mais ce moment l'a été que très court. Et si l'autre devient une menace, la frénésie de tout prendre se fait fort active, au prix de tout boire, de tout prendre et au risque de tout briser (ouf ! les verres sont en plastiques !),

Je suis tout à fait d'accord avec la dernière phrase du descriptif  qui est "Témoin de ce non-évènement, le public est pris dans un manège d’apparat, voyeur d’une dernière (S)Cène." Une proposition fort riche et claire qui porte un regard critique sur notre mode de vie actuel. 

Au final, une soirée fort belle et intéressante pour le spectateur que je suis. Une soirée qui m'a permis de revoir de jeunes artistes dans leurs prochains pas sur scène et aussi d'en découvrir d'autres. Chaque proposition d'une dizaine de minutes avait un propos fort porteur et qui m'assure de belles soirée à venir. Je me permets de compléter ce texte en citant la fin de la présentation du jury qui a sélectionné les artistes de cette soirée que j'endosse totalement.

"Mais, ce qui n’a pas changé, c’est la flamme, la passion et le besoin d’expression par la danse de ces jeunes créateur·rices. Des propositions teintées de couleurs, d’humour, riches en émotions et avec des signatures aussi singulières que surprenantes. Encore plus aujourd’hui, il faut se rappeler l’importance de donner une place à la relève et à sa force créatrice, car elle est un vecteur de changements et d’évolution."

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