C'était à la soirée de première de "Cabaret noir" de Mélanie Demers à l'Agora de la Danse que mes pas m'amenaient en ce mercredi soir quelque peu pluvieux. Moi qui "suis depuis toujours" les créations de Mélanie Demers, je me devais de découvrir sa plus récente proposition, même si elle était étiquetée, "hors série" (lire ici pas une proposition de danse).
J'avais peu lu sur ce que je découvrirai devant moi, comme il m'arrive de plus en plus souvent ces derniers temps. Néanmoins j'avais pris connaissance du nom des interprètes. Si de voir sur "scène" Mélanie Demers et Stacey Désilier n'était pas une première pour moi, j'étais particulièrement curieux de voir sur cette scène Paul Chambers qui se retrouve habituellement "derrière" aux éclairages lorsque je prends place dans une salle. En plus, devant moi, performeront aussi Vlad Alexis, Florence Blain Mbaye et Anglesh Major.
Aller à la rencontre des autres différents mais pareils aussi, voilà une des raisons pour laquelle mes pas me portent à ces rencontres. En attente du début, de "mon" siège en première rangée je découvre tout autour de l'espace scénique six tables avec dessus, des livres. Pas trop loin de moi, je reconnais "facilement" l'album d'Hergé "Tintin au Congo". En entrée de jeu, j'ai l'impression que de ces six planètes "émettrices" seront émis les messages. Et j'aurai raison ! Dans cette première partie, à tour de rôle ou presque, des extraits d'oeuvres marquantes d'écrivains de race noire de différentes époques nous seront présentés, dont certain.es (Rodney Saint-Éloi et Lorrie Jean-Louis) sont présent.es dans la salle (salué.es par les interprètes !). Avec une apparente ou réelle impression de spontanéité, les interprètes réagissent, réenchérissent et accompagnent celle ou celui qui lit. Elles ou ils semblent comme, juste entre eux, mais avec nous ! Une vingtaine de minutes durant laquelle la force et la puissance des mots se font bien présentes. Il y a même ce passage (un de mes favoris) durant lequel les voix se chevauchent, s'entremêlent, se combinent comme pour former un tissu bien serré de mots.
Crédit :Kevin Calixte tirée du site de l'Agora de la DanseIl s'en suit une série de tableaux durant lesquels, nous auront droit, entre autres, à des danses "explosives" de Stacey Désilier, du chant fort riche qui porte fort de Florence Blain Mbaye. Il y a ce duo Mélanie Demers en Desdémone et Anglesh Major en Othello qui font rouler dans un cyclotron verbal les paroles de Shakespeare pour nous "décoiffer" ! Il y aura aussi ce passage "cruel" de Lance et Compte durant laquelle la copine de Marc Lambert sera la "proie" de certains de ses coéquipiers. Réalité lointaine et si proche en même temps mais que je souhaite dépassée !
Le terreau est fertile dans l'histoire de la culture noire et Mélanie Demers a su y faire croître une proposition qui interpelle, d'autant plus, si on est blanc (!) et qui n'est pas politiquement correct, mais tellement vrai ! La prise de conscience comme instrument de revendication et d'affirmation, voilà ce qu'il faut, peu importe qui nous sommes, pour aller de l'avant ensemble. Et question de poursuivre le travail entrepris, nous recevons, à la sortie de la salle, un livret "noir et blanc" pour poursuivre la réflexion, comme il est indiqué au verso du document.
P.S. à moi-même: Si par bonheur cette proposition était présentée de nouveau, j'y retourne sans faute !
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